Depuis les origines du théâtre jusqu'à nos jours, nombreux sont les auteurs - hommes de théâtre ou non ? qui se sont demandés d'où vient le plaisir que l'on prend au théâtre. Ainsi, Stendhal, dans Racine et Shakespeare, son ouvrage sur l'art dramatique, écrit que tout ce plaisir réside dans "ces courts moments d'illusion parfaite" où les spectateurs oublient "qu'ils sont au théâtre et qu'ils assistent à la représentation d'un ouvrage de l'art et non pas à un fait vrai."
Ce point de vue sur l'art théâtral semble discutable, c'est pourquoi nous nous demanderons si l'illusion est vraiment l'objectif que doit atteindre un auteur et le plaisir que cherche le spectateur en allant au théâtre (...)
[...] En lisant une pièce, le lecteur prend d'avantage conscience qu'il s'agit d'une œuvre d'art, il se libère bien plus facilement de l'illusion théâtrale que s'il assistait à la représentation de la même pièce. Le lecteur lit la pièce comme il lirait un roman, il sait qu'il s'agit d'une fiction et d'une œuvre d'art, et non pas de faits réels. Il existe d'ailleurs des pièces qui sont d'avantage faites pour être lues que pour être jouées. On peut citer Diderot pour qui une pièce de théâtre est plus faite pour être lue que pour être vue Les pièces de Musset dont On ne badine pas avec l'amour, qui a été jouée pour la première fois plus de cinquante ans après sa publication ont été écrites pour être lues. [...]
[...] Pourtant, nous verrons ensuite que maintenir cette illusion n'est pas toujours possible et que ce n'est même pas parfois le but recherché. Enfin, nous verrons que ce débat n'est valable que pour le théâtre pris en tant que spectacle alors qu'il s'agit aussi d'un texte fait pour être lu. Parce que le théâtre est un art du spectacle, il est aussi un art de l'imitation et de l'illusion. D'après Stendhal, cette illusion est le plaisir que recherche le spectateur qui assiste à une pièce de théâtre. [...]
[...] Les faits représentés dans une pièce de théâtre doivent être présentées comme des faits réels afin que le spectateur soit maintenu dans l'illusion. C'est pour obéir à cette règle que Racine dans Iphigénie refuse de sauver son héroïne par l'intervention divine d'Artémis, contrairement à ce qu'avait fait Euripide dont Racine s'était pourtant inspiré. En effet, ce qui pouvait paraître vraisemblable à l'époque d'Euripide est ridicule au XVIIè s et aurait donc brisé l'illusion théâtrale. Il était bien évident que Racine ne pouvait pas terminer sa pièce, vraisemblable depuis le début, par un événement qui aurait fait prendre conscience aux spectateurs qu'il ne s'agissait que d'une illusion. [...]
[...] Mais nous nous sommes aperçus que ce débat ne concernait que le théâtre vu et non pas considéré comme un texte littéraire. En effet, quand le lecteur lit une pièce, il se rend tout de suite compte qu'il s'agit d'une fiction. Certains auteurs, qui écrivent leurs pièces de théâtre pour qu'elles soient lues et non jouées n'ont pas l'intention de créer une illusion. Enfin, quel que soit le but de l'auteur, créer l'illusion ou non, ce qu'il recherche par dessus tout, c'est plaire à son lecteur ou à son spectateur. [...]
[...] L'auteur s'applique donc à maintenir le spectateur dans l'illusion et à faire vrai. Pourtant, l'illusion n'est pas toujours possible, et parfois même elle n'est voulue ni par l'auteur ni par le spectateur. Tout d'abord, en assistant à une pièce de théâtre, il est difficile de croire qu'on assiste à des faits réels, car tout rappelle au spectateur qui assiste à un spectacle. En effet, l'atmosphère et l'environnement, comme la scène, les rideaux . montrent au spectateur qu'il va assister à une représentation artistique et non pas à des faits réels. [...]
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