Pourtant haï par la Comédie française, qui faisait pression sur le pouvoir pour le faire fermer, le théâtre de la Foire a eu un franc succès au XVIIème siècle. Cette dissertation en explique les raisons.
[...] consistant toute dans l'action et dans le jeu. Ce passage met en scène Colombine qui accomplit les même acrobaties qu'Arlequin, qui l'a mise au défi de l'imiter. La préface précise qu'elle devait être spectaculaire par dédoublement La souplesse des acteurs est donc elle aussi un ressort comique du théâtre de foire, comme par exemple à la scène 3 de l'acte I d'Arlequin fille malgré lui, où le vol d'une bourse, qu'Arlequin fait passer pour un abcès auprès de Léandre, l'oblige à accomplir des contorsions comiques Les diverses didascalies nous apprennent d'ailleurs combien l'improvisation est également importante dans ces pièces, de même qu'elles l'étaient au théâtre italien : cette scène est toute dans le jeu italien (Arlequin fille malgré lui ; acte I scène 3). [...]
[...] Le vase rend [ainsi] ses oracles par des allégories toujours suggestives et souvent spectaculaires, favorisant plaisir visuel et effets de surprise Les décors sont également sources de comique, puisque dans La Matrone d'Ephèse par exemple, que ce soit le pommier (prologue) ou la grotte (acte scène leur hauteur permet aux acteurs d'improviser des acrobaties et des lazzi comiques. Pour le pommier par exemple, la didascalie indique : ils font différents lazzi pour monter sur l'arbre, comme de mettre une planche contre le dos de Mezzetin, de sauter. Après, Arlequin apporte une échelle, dispute à qui montera le premier De même, pour la grotte, Hamoche exploite [ . [...]
[...] Mais si cette gestuelle est autant un facteur de succès, c'est que les pièces sont écrites pour elle ; l'auteur la prend largement en compte lors de l'écriture. L'auteur connaît le goût du public pour le jeu muet et ses aspects comiques. C'est donc dans l'optique de faire rire son public qu'il le rend prédominant dans ses pièces, comme l'indique la préface d'Arlequin fille malgré lui : Dominique accumule les scènes propices à leurs lazzi La gestuelle est donc non seulement omniprésente, mais elle structure également la pièce. [...]
[...] De la même façon, à travers le rabaissement des personnages, on a de façon plus implicite une satire de la société. En effet, lorsqu'il imite de façon ridicule et exagérée Colombine dans Arlequin malgré lui, le zanni se livre de façon sous-jacente à la satire des Précieuses, comme Molière dans L'Ecole des femmes. De même, l'auteur, dans le prologue de La Matrone d'Ephèse, se moque des gens pompeux et obséquieux par l'intermédiaire de Pierrot : Pierrot, chapeau bas, avec sa suite, leur fait des révérences ; satire mise en évidence par la réponse d'Arlequin et de Mezzetin à ces excès de politesse : Arlequin et Mezzetin font des lazzi de civilités à Pierrot Les auteurs jouent donc sur une double lecture de leur pièce, et n'hésitent pas à se moquer parfois de la haute société présente dans le théâtre, en en dressant la satire. [...]
[...] De plus, les dramaturges s'appliquent à transmettre des messages à leur public qui vise non seulement à rassurer ses peurs, mais également les peurs des auteurs eux-mêmes, victimes d'une censure toujours plus oppressante. La gestuelle s'exprime donc de manière très variée, ce qui empêche tout risque d'ennuyer l'auditoire, par des astuces sans cesse remodelées. Cependant, malgré leur succès, les théâtres forains sont condamnés à disparaître, car la jalousie de la Comédie française à leur égard s'amplifie au fur et à mesure des années. En 1791, sa fermeture est ainsi ordonnée ; et tout ce qui engendrait la production cesse alors. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture