L'action dure donc une douzaine d'heures. Son unité s'avère également conforme aux règles classiques puisque chaque détail est subordonné à l'action principale : celle-ci repose sur le conflit entre Electre et Clytemnestre, la découverte du meurtre d'Agamemnon et le châtiment des meurtriers, tués par Oreste (...)
[...] Agathe a un rôle de miroir de Clytemnestre mais, comme l'écrit L.Gauvin, elle est aussi celle d'Electre quand Agathe déclare qu'elle passe dans le camp d'Electre et qu'elle la remercie merci Electre, tu me donnes la vie (acte II, scène 6). Ainsi on peut dire que la bourgeoise qu'est Agathe fait avancer la tragédie vécue par la noblesse. Electre, éclairée, le clame elle-même Ah, que tout deviendrait clair à la lampe d'Agathe (acte II, scène 7). L'Electre de Giraudoux correspond indéniablement, par certains aspects, à la définition d'une tragédie classique. Mais elle est aussi, assurément, une tragédie bourgeoise. [...]
[...] Giraudoux demeure ainsi fidèle aux modèles grecs. Néanmoins, tout en respectant les fondements de la tragédie classique, Giraudoux en détourne le tragique traditionnel en la rendant plus "ordinaire". La tragédie d'Electre semble en effet " bourgeoise " par la banalité de l'existence décrite et plus particulièrement par l'apparition d'une famille bourgeoise caricaturale et d'un adultère (le mot lui-même - adultère- étant bourgeois). Les bienséances classiques désignaient, au XVII siècle, un ensemble de règles qui avaient pour objectif de ne pas choquer public, que ce soit sur le plan moral ou esthétique. [...]
[...] " Bourgeois " renvoie plutôt à l'univers de la comédie, laquelle se termine traditionnellement par un heureux dénouement, avec des personnages plus ordinaires que dans une tragédie. Si cette pièce est bourgeoise peut-elle donc être aussi une tragédie ? Nous déterminerons dans un premier temps les éléments qui permettent de voir Electre comme une tragédie classique. Nous examinerons ensuite le caractère bourgeois de la pièce pour montrer enfin que loin de s'opposer ces deux genres semblent au contraire se compléter. Plusieurs aspects de la tragédie classique sont respectés dans Electre. [...]
[...] En définissant ainsi sa pièce, Giraudoux réussit à accorder deux termes traditionnellement inconciliables. En mettant en scène la tragédie des Théocathoclès, en insistant sur la banalité du quotidien et du lieu de l'action, Giraudoux révèle la tragédie même d'Electre et l'élargit à toutes les coucheses. Il rend en effet le mythe plus accessible en apportant des éléments au contexte dans lequel vit son public, cultivé et bourgeois Le théâtre de Giraudoux se révèle ambigu, par le mélange des genres qu'il n'hésite pas à représenter. [...]
[...] Les différences sociales ne sont pas synonymes de sentiments différents ; la chanson des époux que déclame Agathe ( acte II, scène correspond à la quête commencée par Electre à la scène précédente avec le Qui est- ce ? qu'elle pose à sa mère. Le président pose en effet la même question à sa femme, il s agit dans les deux cas de connaître le nom de l'amant. Electre a d'ailleurs bien compris le jeu de miroir puisqu'elle dit à sa mère : Ecoute, mère ! [...]
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