Le théâtre doit-il être l'expression de l'âme humaine?

Résumé du document

Montherlant, auteur dramatique du XXe siècle, est réputé pour ses œuvres psychologiques, pour ses personnages aux âmes ardentes, passionnées. C'est parce qu'il est un héritier de la conception classique qu'il écrit dans ses Notes de Théâtre (1972) « Une pièce de théâtre ne m'intéresse que si l'action extérieure, réduite à la plus grande simplicité n'y est qu'un prétexte à l'exploration de l'homme ; si l'auteur s'y est donné pour tâche non d'imaginer et de construire mécaniquement une intrigue mais d'exprimer avec le maximum de vérité, d'intensité et de profondeur un certain nombre de mouvements de l'âme humaine. » Pour Montherlant, l'intérêt d'une pièce repose sur une exploration de l'âme humaine ; un minimum d'action extérieure pour un maximum d'action intérieure des personnages. Il ne s'agit donc pas de construire mécaniquement une intrigue. Le théâtre devrait donc seulement permettre une analyse de l'homme. Mais des interrogations surgissent : un intérêt uniquement psychologique est-il viable ? Dans le théâtre, actions extérieure et intérieure ne sont-elles pas intimement liées ?

Extraits

[...] D'où l'intérêt, comme le préconise Montherlant, de limiter l'intrigue. La simplicité de l'intrigue est par ailleurs une vision totalement classique du théâtre, en témoignent les règles de la tragédie classique qui prônent un dépouillement de l'action extérieure. La Bérénice de Racine ne représente-t-elle pas la simplicité de l'intrigue à son paroxysme ? De même, l'intrigue de la comédie est aussi bien souvent très simple, comme l'explique le philosophe Bergson : «Les attitudes, gestes et mouvements du corps humain sont risibles dans l'exacte mesure où ce corps nous fait penser à une simple mécanique.» B. [...]

[...] Le théâtre doit-il être l'expression de l'âme humaine? Une pièce de théâtre ne m'intéresse que si l'action extérieure, réduite à la plus grande simplicité n'y est qu'un prétexte à l'exploration de l'homme ; si l'auteur s'y est donné pour tâche non d'imaginer et de construire mécaniquement une intrigue, mais d'exprimer avec le maximum de vérité, d'intensité et de profondeur un certain nombre de mouvements de l'âme humaine. Montherlant, XXe siècle. Que pensez-vous de cette citation ? Montherlant, auteur dramatique du XXe siècle, est réputé pour ses œuvres psychologiques, pour ses personnages aux âmes ardentes, passionnées. [...]

[...] En témoigne, entre autres, la fameuse scène du soufflet dans Le Cid (Corneille), qui sera à l'origine du dilemme de Rodrigue. C. De l'intérêt des apartés au théâtre Cette analyse psychologique est particulièrement présentée sous forme d'apartés. Ainsi, l'exploration des personnages est le plus souvent livrée au spectateur via des monologues, des conversations intimes ou des récits qui tourne généralement au monologue, car le personnage à tendance à s'oublier. L'on pense par exemple au récit que fait Hernani (pièce éponyme de Victor Hugo) de sa vie de bandit, qui est une véritable révélation pour le spectateur. [...]

[...] Prenons comme exemple le retour de Thésée dans Phèdre, de Racine. Cet événement n'est pas très intéressant en soi, mais il aura un impact énorme sur le reste de la pièce : Phèdre, submergée par la culpabilité de son amour pour Hippolyte, vole son épée dans l'intention de se suicider, mais cela ne fera qu'empêcher Hippolyte de se défendre moralement durant le dernier acte. On voit ici aisément comment une seule action extérieure peut avoir une influence considérable sur le déroulement de toute une pièce. [...]

[...] L'exploration de l'âme humaine A. L'analyse de l'homme : un élément essentiel du théâtre Vérité et profondeur dit Montherlant ; et il est vrai ce sont souvent les personnages les plus fouillés qui font la qualité d'une pièce. Le spectateur retrouve des sentiments qu'il connaît, confusément ou non, mais il les retrouve représentés de façon bien plus intense sur la scène. De là, le spectateur peut éprouver le plaisir de l'identification. Dans Antigone d'Anouilh, il retrouvera l'image de la passion ; dans le théâtre de Marivaux, il devinera les marques de la tendresse ; dans le théâtre de Molière, il discernera les travers de ses contemporains etc. [...]