Le théâtre français a beaucoup hérité de l'Antiquité : déjà chez les Grecs, il était caractérisé par de nombreuses représentations en l'honneur du dieu Dionysos avec l'essor des tragédies avec les dramaturges Eschyle, Euripide et Sophocle et des comédies avec Aristophane ; puis le théâtre s'est instauré par l'influence romaine : après la première trace du théâtre étrusque (les Saturnae par exemple en -364), il s'est implanté en Gaule. Le théâtre contemporain date cependant du 16e siècle, siècle de l'Humanisme suivant de près la Renaissance. Une pièce de théâtre est constituée de plusieurs actes, qui comportent plusieurs scènes, délimitées par l'entrée et la sortie de personnages. Parmi les types de scènes variés, on distingue les scènes de conflit. Cependant, si le théâtre est d'abord purement littéraire, avec des mots donc, l'expression du conflit théâtral peut-elle se passer de mots ?
Tout d'abord, il faut se souvenir que le théâtre est en premier un genre littéraire : il est d'abord « lu », ainsi, si un conflit doit apparaître, tout sera écrit et voulu par l'auteur ; en revanche, le théâtre « vu » dispose de moyens différents de l'emploi de mots pour illustrer un conflit ; donc en fait, la représentation du conflit au théâtre dépend directement des choix de l'auteur et du metteur en scène.
[...] En effet, le jeu de l'acteur à proprement parler est capital pour la représentation du confit au théâtre. Il peut ainsi régler sa vitesse de déclamation pour accentuer ou diminuer l'ampleur du conflit: par exemple dans L'École des Femmes de Molière, Agnès est naïve, débutante, et l'actrice jouant son rôle pourra ainsi choisir de parler lentement, hésitante même, car elle est non-instruite; au contraire, dans Dom Juan toujours, le «héros»éponyme connaît très bien la rhétorique puisqu'il s'en sert pour séduire les femmes et son acteur pourra donc parler plus vite, en insistant plus ou moins sur certains mots, etc.Mais les acteurs peuvent jouer la même pièce de multiples manières. [...]
[...] Généralement indiqué par des didascalies, le comique de geste montre bien l'ampleur du conflit. Celui-ci fut très largement développé durant le Moyen-Age en France avec l'essor de la farce, comme La farce de Maître Pathelin, puis en Italie avec la comedia dell'arte, mais le comique de geste reste encore présent dans notre théâtre classique et contemporain. On ne le retrouve pas dans les tragédies , car il ne répond pas aux mêmes inspirations que celles-ci, mais plutôt dans les comédies farcesques: ainsi, dans les Fourberies de Scapin de Molière, la farce est présente à travers les coups de bâton, ce qui est bien un autre moyen d'exprimer un conflit au théâtre que les mots De même, dans la tragi-comédie déjà citée Les Caprices de Marianne, le personnage de Coelio est roué de coups jusqu'à en mourir à la fin de la pièce: lorsqu'il tente de s'infiltrer chez sa belle Marianne, il n'a pas pu recevoir le message qu'elle a fait passer à Octave, qui disait que son mari garderait la maison, et il se trouve roué de coups de bâton par les domestiques Ainsi, le conflit au théâtre peut se baser sur les gestes, annoncés par les didascalies internes parfois et improvisés par les didascalies externes souvent, qui sont un moyen efficace pour montrer l'ampleur de l'action de manière comique ou tragique; mais le metteur en scène peut aussi jouer sur les indications scéniques. [...]
[...] Effectivement, l'auteur, pour accentuer le conflit dans la scène, peut employer des termes spécifiques. Par exemple, le dramaturge peut employer du registre comique avec des mots parfois provocants appartenant au niveau de langue familier, voire argotique : cela se retrouve surtout dans quelques pièces du 20e siècle, comme dans l'Art de Reza. De plus, l'auteur peut employer, pour mettre en avant ou non son conflit, des figures de style: il ne faut donc pas oublier l'aspect purement littéraire et artistique du théâtre Ainsi, l'auteur peut utiliser, en pleine scène de conflit, des comparaisons ou des métaphores dévalorisantes (surtout si elles sont vulgaires): dans la première scène du Misanthrope de Molière par exemple, Alceste décrit Philinte comme étant un «cœur corrompu», ce qui va bien sûr animer un conflit entre les deux personnages. [...]
[...] En effet, des comédies installent leur cadre dans des maisons, des lieux de convivialités où des aspects familiaux, conjugaux ou de domesticité pourront prendront place afin de susciter une réflexion à travers le rire: comédie corrige les mœurs par le rire» a ainsi dit Molière. Ces lieux auront donc un grand impact sur l'action générale et le conflit. De même, les farces prennent place dans des lieux de communication populaire, comme des places, des rues, des jardins Ainsi, ces lieux communs du public montreront les conflits quotidiens par le comique gestuel. En définitive, le symbolisme des lieux est capital pour le déroulement du conflit, sans compter que certains lieux peuvent être allégoriques, comme la fontaine qui représente la source de Vie et d'Amour. [...]
[...] Tous deux s'esclaffent de très bon cœur.»: cette didascalie avec l'emploi de l'adverbe intensif très montre bien dans ce cas le relâchement de la tension qui pouvait régner entre les deux personnages. Les didascalies, pouvant généralement aider le metteur en scène sur la disposition et la manière dont doit se dérouler la scène, sont donc importantes aussi pour gérer une scène de conflit au théâtre. Ainsi, les didascalies sont un moyen écrit de montrer sur scène un conflit, conflit qui peut être guidé et accentué par le symbolisme des lieux Le rôle des lieux peut intervenir par leurs symbolismes. [...]
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