« L'écrivain est toujours de son temps », affirmait Jean-Paul Sartre dans Situations. Pour lui, la littérature se devait d'être engagement et d'assumer une fonction critique et politique. Par quels moyens les textes littéraires peuvent-ils se révéler particulièrement puissants pour défendre une cause ? Quels sont donc les outils dont l'écrivain dispose pour rendre son combat efficace et persuasif ? Nous montrerons tout d'abord qu'ils disposent de moyens explicites pour défendre une cause pour ensuite envisager les moyens implicites dont il dispose (...)
[...] À l'inverse, La Fontaine recourt au registre satirique pour critiquer les mœurs de la Cour. Des images dépréciatives peuplent Les Obsèques de la lionne : comparés à de simples ressorts à des singe[s] ou encore à des caméléon[s] les courtisans apparaisse ni affublés du masque de l'hypocrisie. Mais La Fontaine ne tonne pas dans .14 fable, il préfère distiller ses attaques, en passant, par le détour. L'écrivain dispose donc de nuances tonales pour dire sa colère, son indignation mi son enthousiasme. [...]
[...] Dans le chapitre III du conte philosophique, il qualifie les soldats sanguinaires de héros le spectacle de la bataille de beau, leste, [ . ] brillant Au lecteur de comprendre que Voltaire ironise puisqu'il fait se côtoyer une description esthétique et idéalisée des combats, et une vision réaliste placée sous le signe de l'horreur, qui démystifie le spectacle. Ici, c'est l'intelligence du lecteur qui est appelée à fonctionner pour que le vrai sens du texte soit perçu. L'ironie invite donc le destinataire du texte à une lecture participative, stimulante et flatteuse. [...]
[...] Cependant, les textes littéraires peuvent aussi s'appuyer sur des procédés plus indirects pour servir un idéal. [Il - Argumenter de façon implicite] [A. Le voile de la fiction] L'efficacité argumentative peut venir de la critique indirecte. User de la fable, du conte philosophique ou encore du théâtre, présente l'atout majeur d'allier deux fonctions essentielles de la littérature : plaire et instruire. Ainsi l'apologue recourt au discours narratif, plus alerte, et donc plus apte à plaire au lecteur. Nombreuses sont les stratégies déployées pour rendre vivant un récit. [...]
[...] [Conclusion partielle] Malgré le risque que prend l'auteur, qui mise sur l'intelligence du lecteur, user de moyens littéraires qui reposent sur l'implicite pour argumenter est un pari efficace. En usant du voile de la fiction ou de l'ironie, la littérature réussit tout à la fois à plaire et à instruire. [Conclusion] Nous l'avons vu, la littérature n'est jamais à court : les textes littéraires foisonnent en effet de moyens puissants et efficaces pour défendre une cause. Qu'ils s'appuient sur l'explicite ou l'implicite, les outils recherchent toujours un même but : emporter l'adhésion du lecteur. [...]
[...] Même quand on veut la museler, la littérature d'idées sait donc trouver des armes pour continuer le combat. [C. Les risques de l'implicite] Choisir des outils littéraires qui reposent sur l'implicite apparaît comme un moyen efficace d'argumenter. Cependant, cette stratégie argumentative peut comporter des risques. En effet, un lecteur, invité à construire le sens ultime d'un texte, peut échouer. Rappelons que certaines fables ne contiennent pas de morales explicites. Il revient donc au lecteur d'endosser le costume du moraliste et de formuler lui-même la leçon à tirer de l'histoire narrée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture