Lorsque l'on demande à un ami, un proche ou une connaissance, ce qu'il a lu récemment, sa réponse première, si l'auteur du livre n'est pas connu du grand public, est de répondre « un roman policier », ou « une pièce de théâtre », ou encore « une autobiographie » ; l'on présente ainsi généralement une oeuvre par son genre. Le genre littéraire, en se basant sur un certain nombre d'aspects d'un texte – sa forme, son contenu, son registre – permet effectivement de classer les différentes oeuvres, et tient ainsi un rôle particulièrement important dans la production littéraire. Il suffit d'ailleurs pour le constater de se rendre dans une librairie ou une grande surface ; les livres, s'ils ne sont pas rangés par auteur, sont le plus souvent triés par genre. Le genre est un concept littéraire majeur, et c'est pourquoi bon nombre de théoriciens se sont interrogés dessus.
[...] Nous retrouvons alors ici cette idée générale de groupe ; alors que les genres mineurs - la tragédie, le sonnet, l'épopée, l'épigramme - constituent cet idéal générique que nous avons dégagé en première partie, les trois genres majeurs quant à eux relèvent de la notion de groupe et englobent la totalité des textes. Cette distinction faite, nous pouvons alors revenir sur notre première assertion et la remettre partiellement en cause. L'implication du texte dans le genre semble être beaucoup plus forte que ce que ne suggère Derrida, et d'une certaine mesure tout texte, bien qu'il participe des genres mineurs, appartient à un genre majeur. [...]
[...] C'est en se basant en partie sur ces trois ouvrages que les critères du roman d'apprentissage se modifient, se précisent, ou au contraire s'estompent. Il est important de souligner ici que les genres ne sont pas fixes. Etant déterminés par l'homme et basés sur les œuvres, ils évoluent au fil des époques et des courants littéraires. L'exemple de la tragédie est particulièrement probant, et la tragédie classique de Racine diffère très largement de la tragédie moderne de Beckett ; Andromaque et Fin de Partie n'ont finalement que très peu de points communs alors que les deux pièces sont rattachées au même genre. [...]
[...] Littérature Un texte ne saurait appartenir à aucun genre. Tout texte participe d'un ou de plusieurs genres, il n'y a pas de texte sans genre, il y a toujours du genre et des genres mais cette participation n'est jamais une appartenance. Que pensez-vous de cette réflexion ? Jacques DERRIDA, Parages, éd. Galilée p.264 Lorsque l'on demande à un ami, un proche ou une connaissance, ce qu'il a lu récemment, sa réponse première, si l'auteur du livre n'est pas connu du grand public, est de répondre un roman policier ou une pièce de théâtre ou encore une autobiographie ; l'on présente ainsi généralement une œuvre par son genre. [...]
[...] C'est justement pour lutter contre cette contrainte du genre que les auteurs modernes ont essayé s'en affranchir à travers des mouvements comme le Dada, avec Tzara et Ribemont-Dessaignes par exemple, ou l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), avec entre autres Le Lionnais et Queneau, que nous avons déjà évoqué à maintes reprises. Le genre se montre de plus complètement inadapté face aux nouveaux courants littéraires En effet, l'anachronisme du genre peut poser problème. Comme nous l'avons souligné, le genre n'est pas fixé, et il évolue en fonction des évolutions littéraires. Cependant, il y a forcément un décalage entre l'évolution littéraire et l'évolution générique, et certains ouvrages sont mal classés. [...]
[...] Texte et genre nourrissent ainsi un rapport particulièrement étroit, qui peut susciter quelques interrogations ; le texte doit-il s'effacer devant le genre ? Tout texte parait pouvoir participer de, pouvoir être rapproché, identifié à un ou plusieurs genres desquels il est indissociable, et ce tout d'abord parce que le genre semble être l'apanage du texte littéraire. En effet, il n'y a de genre que de texte ; sans texte, pas de genre. Revenons tout d'abord un instant sur la définition du genre. Au sens large du terme, le genre est une idée générale d'un groupe d'êtres ou d'objets présentant des caractères communs. [...]
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