"Un texte autobiographique, ce n’est pas un présent qui parle du passé, c’est un passé qui parle dans le présent"

Résumé du document

Les textes autobiographiques sont de plus en plus présents dans la littérature. Autobiographies, récits de vie, romans autobiographiques sont autant de textes autobiographiques qui rendent compte du passé de leur auteur.

Lorsque l'auteur raconte ses souvenirs d'enfance, on peut se demander quelle est la focalisation du texte. En effet, si c'est l'enfant qu'il était qui a vécu la scène, avec son point de vue, ses pensées et ses sensations, c'est néanmoins l'adulte qui écrit le texte. Qui est donc le « je » qui parle du moment évoqué ?

Extraits

[...] Enfin, on peut dire qu'un texte autobiographique est un présent qui parle du passé à cause du recul de l'adulte. En effet, l'écrivain adulte peut, grâce au temps passé, observer la scène d'un œil différent, plein de recul : il ajoute alors ses opinions, ses commentaires, ou même ses moqueries au moment de l'écriture . Sartre démystifie ainsi dans Les Mots l'attendrissement dont beaucoup entourent l'enfance. Il est plus objectif, ou tout du moins plus critique ! Il parle de son passé avec ironie, et n'hésite pas à dire qu'il étai[t] un enfant, ce monstre que [les adultes] fabriquent avec leurs regrets Dans Gorge coupée, Michel Leiris explique son traumatisme et surtout ce qui a provoqué et modifié sa vision du monde. [...]

[...] Cette petite fille nous fait part de son acte, qu'elle vit sans réfléchir, spontanément. Elle n'analyse pas son geste. L'adulte aurait expliqué pourquoi il a fait cela, il aurait tenté de développer sa réflexion et son analyse, alors que l'enfant raconte la scène telle qu'il la vit. Ensuite, une œuvre autobiographique nous fait part de tous les sentiments ressentis par le narrateur. Si l'événement est vécu par l'enfant, c'est cet enfant qui nous révèle les sentiments qu'il a éprouvés durant cette période. [...]

[...] Ainsi, un texte autobiographique peut être à la fois un présent qui parle du passé et un passé qui parle dans le présent même si le présent parlant du passé, c'est-à-dire l'auteur adulte rapportant ses souvenirs, paraît plus évident. Les deux opinions ne sont pas contradictoires et se complètent en réalité : dans la majorité des textes, l'auteur enfant raconte un souvenir qui l'a marqué, et l'auteur adulte ajoute à cette description des explications et de commentaires. Ce sont en effet ces commentaires qui forment l'aspect autobiographique du texte. [...]

[...] Ces moments de l'œuvre sont ainsi vus par des yeux d'enfants, et non pas par ceux de l'auteur que Sartre est devenu. Par ailleurs, un auteur qui souhaite raconter des souvenirs d'enfance souhaite en réalité revenir sur des événements marquants de sa vie. Ces moments, très importants pour l'auteur, peuvent être revécus au moment de l'écriture : l'auteur redevient enfant et revit la scène en question. On peut alors dire qu'il s'agit du passé qui parle dans le présent Dans Gorge coupée, un extrait de l'autobiographie L‘Age d'Homme de Michel Leiris, l'auteur redevient le petit garçon qu'il était pour nous faire part de l'épreuve atroce qu'a été pour lui une opération chirurgicale. [...]

[...] Il s'agit alors du présent qui parle du passé Premièrement, il est possible de dire que c'est l'adulte qui parle, car c'est lui qui écrit le texte. L'adulte mène le récit. Dans Les Confessions, Jean-Jacques Rousseau explique dès le début le but de son œuvre : Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. [...]