Dans son immense création littéraire rassemblée finalement sous le nom de La Comédie humaine, Balzac s'est donné pour projet de dresser « l'inventaire de la société française » de la: première moitié du XIXème siècle et de se faire le « secrétaire » de cette histoire. Le réalisme ainsi défini se veut donc une imitation au plus près du réel. Cependant, la tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste-t-elle qu'à imiter le réel? La liberté propre au roman, genre protéiforme et en perpétuelle évolution s'il en est, peut-elle supporter de se cantonner à cette imitation? Le geste créateur du romancier se réduit-il à une simple reproduction, quasiment photographique, du réel? Nous observerons tout d'abord comment le romancier s'inspire effectivement de la réalité qui l'entoure. Nous montrerons ensuite que le roman offre tout de même une déformation du réel et que ses personnages s'éloignent souvent de nous. Enfin, nous verrons que le roman propose surtout une véritable recréation esthétique du monde.
[...] La tâche du romancier, lorsqu'il crée des personnages, ne consiste-t-elle qu'à imiter le réel ? Introduction Dans son immense création littéraire rassemblée finalement sous le nom de La Comédie humaine, Balzac s'est donné pour projet de dresser l'inventaire de la société française de la: première moitié du XIXe siècle et de se faire le secrétaire de cette histoire. Le réalisme ainsi défini se veut donc une imitation au plus près du réel. Cependant, la tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste-t-elle qu'à imiter le réel? [...]
[...] Penser que le romancier ne cherche qu'à imiter le réel, c'est présupposer que les sujets puisés dans le monde réel sont objectivement supérieurs à celui qui s'en inspire. Dans une lettre à Louise Colet, Flaubert affirme d'ailleurs avec netteté la prééminence du style sur le thème: Il n'y a pas en littérature de beaux sujets d'art.» De fait, l'univers romanesque n'est affaire que de vision intime et de transposition, comme l'affirme Proust dans la dernière partie du Temps retrouvé: Le devoir et la tâche d'un écrivain sont ceux d'un traducteur. [...]
[...] C'est le cas en particulier des romans d'Amérique latine qui appartiennent à la veine du réalisme magique Dans Cent ans de solitude, par exemple, G. Garda Marquez retrace l'histoire d'une famille qui côtoie certains fantômes ou dont une des descendantes monte un jour au ciel, au sens propre. La tâche du romancier peut -donc aussi consister à nous faire rêver et à explorer les champs de l'imaginaire. En tant que création artistique, le roman semble finalement être davantage une recréation du monde, plus qu'une simple imitation du monde. III. [...]
[...] Nous montrerons ensuite que le roman offre tout de même une déformation du réel et que ses personnages s'éloignent souvent de nous. Enfin, nous verrons que le roman propose surtout une véritable recréation esthétique du monde. I. Une imitation du réel 1. Une reproduction du monde Les personnages de romans ont souvent pour origine des êtres de chair bien réels, les romanciers puisant leur inspiration dans le monde qui les entoure et prétendant nous parler de lui. Les romans historiques, par exemple, s'attachent à retracer des événements marquants ou des périodes décisives dans l'histoire d'une communauté; ainsi, Quatre-vingt treize de Victor Hugo tente d'expliquer l'évolution de la Révolution française et en particulier l'épisode sanglant de la Terreur. [...]
[...] Le roman peut ainsi se faire le reflet, à travers les personnages qu'il construit, des valeurs et des aspirations d'une société donnée, le héros devenant alors un véritable modèle. Madame de La Fayette en créant La Princesse de Clèves dresse certes un portrait de la cour du roi Henri II et s'inspire du réel, mais surtout elle fait de son héroïne l'incarnation des plus hautes vertus que l'on peut attendre d'une jeune femme à l'âge classique. Ainsi, les personnages romanesques ne sont pas toujours de simples imitations du réel, tant s'en faut, mais sont aussi des êtres idéalisés, voire de vrais modèles, relevant parfois clairement d'un univers de fiction Le pouvoir de l'imaginaire Le roman se caractérise par sa très grande liberté: point de règles, point de contraintes particulières dans la création romanesque, à la différence du théâtre, par exemple. [...]
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