Souvenir, écrire, autobiographie, récit
Lorsqu'il rédige une autobiographie, l'auteur passe avec son lecteur un pacte de sincérité, s'engageant à ne raconter que la vérité à son propre propos. Souvent, c'est à la fin de sa vie que quelqu'un entreprend de raconter les événements qui ont marqué son existence et de faire à travers eux son portrait. Pour rester dans le domaine de l'autobiographie, l'écrivain doit se souvenir avec exactitude de différents épisodes de sa vie, afin de ne rien déformer, mais ce travail de mémoire suffit-il pour écrire une autobiographie ?
[...] Cette distance entre les deux personnages incarnés pousse certains auteurs à se désigner à la troisième personne (Yourcenar, dans ses Souvenirs pieux, se désigne par « l'être que j'appelle moi »). Il peut être difficile de décrire ses sentiments avec précision en ayant cette impression de parler de quelqu'un d'autre. Ce parti-pris résulte d'un souci premier d'objectivité, mais peut aussi fausser la perspective autobiographique. L'autobiographe doit donc faire preuve de la plus grande franchise afin de compenser les erreurs et les biais involontaires, pour honorer le pacte autobiographique. [...]
[...] Cependant, le temps déforme souvent les souvenirs et un auteur peut involontairement retranscrire ces déformations, à cause d'une défaillance de mémoire. Sartre, dans Les mots, avoue ces erreurs involontaires : « ce que je viens d'écrire est faux [ ] j'ai rapporté les faits avec autant d'exactitude que ma mémoire le permettait ». L'autobiographe rapporte les évènements tels qu'il s'en souvient au moment de l'écriture, avec honnêteté, certes, mais cela ne garantit pas leur véracité. De plus, un homme qui raconte son enfance alors qu'il est adulte depuis trente ans ne pensera forcément plus de la même manière. [...]
[...] Ces passages fictifs laissent de côté la recherche d'un passé exact au profit de celle du vraisemblable. L'auteur comble un vide avec des faits qu'il n'a pas vécus mais qu'il aurait pu vivre. Cette proportion de fiction est faible et permet le respect du pacte autobiographique puisque les « broderies » de l'auteur n'ont d'autre but que de compenser ses trous de mémoire (et non de modifier le portrait final que le lecteur aura de lui et de son existence). [...]
[...] Littérature contemporaine Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ? Lorsqu'il rédige une autobiographie, l'auteur passe avec son lecteur un pacte de sincérité, s'engageant à ne raconter que la vérité à son propre propos. Souvent, c'est à la fin de sa vie que quelqu'un entreprend de raconter les évènements qui ont marqué son existence et de faire à travers eux son portrait. Pour rester dans le domaine de l'autobiographie, l'écrivain doit se souvenir avec exactitude de différents épisodes de sa vie, afin de ne rien déformer, mais ce travail de mémoire suffit-il pour écrire une autobiographie ? [...]
[...] Quels que soient les efforts de l'auteur, des erreurs subsisteront toujours dans son récit, qu'elles soient dues aux imperfections de la mémoire humaine, à des interprétations biaisées par l'âge, à un choix inconscient des évènements à mettre en valeur ou simplement à une volonté de styliser son écriture pour plaire. Ainsi, on pourrait penser que le terme « d'autobiographie » n'a pas vraiment d'application, toutes les œuvres comportent une part de « mensonge » et aucune ne saurait être considérée comme une retranscription totalement fidèle à la vie d'un individu. Cependant il faut savoir comprendre que ce qui n'est pas écrit, les oublis, les inventions et les formes, expriment également la personnalité de l'auteur, contribuant à dresser son portrait. [...]
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