Nous allons envisager les débuts de cette discipline. C'est une discipline qui naît à l'aube du XXème siècle. Et qui naît avec le déclin de la rhétorique, sous l'influence de Saussure (1857-1913).
C'est, en effet, un élève de Saussure, Charles Bally (1865-1947), qui va utiliser le premier ce terme de stylistique. Saussure est l'auteur qui conceptualise le rapport entre signifiant et signifié et qui insiste sur le fait que le signe linguistique est forcément biface avec un signifiant auquel correspond l'autre face signifiée, donc une signification. Il insiste bien sur le fait que les deux faces sont indissociables comme les deux faces d'une feuille de papier (...)
[...] Bally pour le mot même de stylistique, Cressot qui commence un petit peu à associer stylistique et littérature et enfin Spitzer pour cette idée du va- et-vient entre ce qui se repèrent au niveau micro-structural de la syntaxe et ce qu'on peut déduire quant au positionnement singulier de tel ou tel écrivain dans l'espace littéraire. [...]
[...] C'est Cressot qui va donner comme champ d'étude à la stylistique la littérature. Dans un ouvrage intitulé le style et ses techniques, qui est resté un ouvrage assez intéressant, même s'il y a des choses un peu contestables parce que Cressot fait partie de ses premiers stylisticiens qui ont quelquefois une vision naïve. Par exemple, il commente les assonances en leur donnant une signification. Mais c'est intéressant parce que cela attire l'attention sur un certain nombre de procédés que l'on retrouve chez tous les écrivains. [...]
[...] Ce que ne cherchera pas le père fondateur de la stylistique, Léo Spitzer (1887-1960). Léo Spitzer est un philologue viennois qui ne va chercher que du côté de la singularité de chaque écrivain. Pour ce faire, il va utiliser un concept, dont il est l'inventeur, c'est le concept d'étymon spirituel, il cherche un étymon spirituel pour chaque écrivain dont il analyse les textes, et pour singulariser un écrivain par rapport à un autre, pour montrer ce que chacun a de radicalement différent des autres. [...]
[...] La méthode spitzerienne est fondée sur des allées et venues entre ce qu'on repère au niveau du texte, dans la syntaxe, dans les choix de vocabulaire, de typologie et ce qu'on connaît de l'écrivain quant à son école littéraire, quant à l'époque dans laquelle il se situe, quant à la philosophie dans laquelle il se situe etc. C'est dans ce va-et-vient que va se jouer la stylistique. On ne peut pas être un bon stylisticien si l'on ne connaît rien de l'auteur. Cela dit il existe une stylistique d'attribution, c'est-à-dire que quand certaines œuvres sont nées sous c'est-à-dire qu'on ne sait pas qui les a écrites, on va recourir aux stylisticiens pour qu'il puisse déterminer à quel auteur appartient l'oeuvre. Donc voilà pour les fondamentaux dans la genèse de la stylistique. [...]
[...] Bally ne s'attache pas à l'oeuvre littéraire. Ce qui dire le premier sens de stylistique c'est la façon dont chaque utilisateur s'empare de ce réservoir de forme qu'est la langue pour exprimer son rapport au monde, ses sentiments, bref tout ce qu'il a à dire. C'est la façon singulière dont nous utilisons chacun la langue pour lui imprimer un style qui va correspondre à notre personnalité, à notre vision du monde, à notre être-au-monde. À ses débuts, la stylistique n'est pas encore associée à la littérature. [...]
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