Lorsque est publié, à titre posthume en 1869, le spleen de paris, les fleurs du mal ont déjà imposé au lecteur un univers thématique propre à leur auteur. Le classement retrouvé dans les notes manuscrites de Baudelaire, divisant les poèmes en prose en trois groupes à portée surtout thématique, met déjà en évidence le regard particulièrement attentif de l'auteur tant sur les thèmes que sur la composition formelle du recueil. Toutefois, même si elle s'avère utile et fiable, cette classification, sans doute trop restreinte et évidemment inachevée, permet de souligner d'emblée la difficulté posée par la question des structures thématiques. Parallèlement, le lecteur découvre, à la lumière d'un ouvrage fondamentalement discontinu, un enchevêtrement de thèmes sans architecture apparente. Dès lors, même si l'on ne peut parler d'architecture secrète comme en parla Barbey d'Aurevilly pour les fleurs du mal, surgit la question de la structuration des thèmes et de l'ensemble unifié qu'ils semblent former dans le spleen de paris.
[...] La relation qui lie l'artiste au beau par la création artistique semble être à l'origine de nombreux doutes. le mauvais vitrier peut être interprété comme l'aveu d'une conscience artistique incarnée dans le vitrier qui échoue dans son but de faire voir la vie en beau, à tel point que la simple vue du beau naturel dans le confiteor de l'artiste renvoie au poète l'image de son échec personnel. Ainsi, le poème laquelle est la vraie ? dans lequel le narrateur enterre Bénédicta la femme parfaite semble symboliser le deuil d'une poésie parfaite qui serait l'expression de la beauté idéale. [...]
[...] Au contraire, on distingue des éléments thématiques qui fédèrent les poèmes sans pour autant nuire à leur liberté. En effet la ville et le je assurent d'une certaine façon l'unité du recueil. Le thème de la ville comme clé de voûte du recueil est annoncé par Baudelaire dans sa préface : c'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant (en parlant de la prose poétique). La ville, sorte de concentré de toute l'humanité, devient un révélateur privilégié pour le poète qui se livre à la déambulation. [...]
[...] Des structures thématiques dynamiques Les structures thématiques du Spleen de Paris sont toutes soumises à une caractéristique fondamentale : le mouvement. Celui-ci s'impose non seulement dans la structure globale de l'œuvre mais aussi dans l'organisation individuelle de chaque poème. En effet tandis que l'analogie et l'antithèse permettaient déjà de définir un premier dynamisme thématique (chaque thème est soumis à son semblable et à son contraire), l'autonomie des poèmes place ce mouvement à l'intérieur de chacun d'eux. Dès lors, rien n'est fixe ni figé. [...]
[...] Même si certains poèmes, de façon autonome, semblent traiter le temps dans une expérience agréable comme l'invitation au voyage, cela reste lié à la rêverie et de façon globale, il a une connotation négative. Mais alors que l'on pourrait s'attendre à ce que son partenaire antithétique :l'éternité, ait des connotations cette fois-ci bénéfiques, on remarque qu'il est en fait constamment discrédité. L'éternité est en effet considéré comme illusoire, ce que nous montre l'horloge où Baudelaire prend un ton ironique par rapport à l'idée que l'amour permet de triompher du temps. De façon générale, les petits poèmes en prose renferment un aveu d'échec du poète dans sa quête de l'absolu. [...]
[...] où, sur un ton résolument bouffon, il entend soigner la pauvreté matérielle en s'attachant d'abord à la pauvreté morale et à la passivité, redonnant la dignité à l'homme. La misanthropie de Baudelaire trouve parfois son expression dans ce que l'on pourrait qualifier d'éloge de la solitude qui place alors entre ce moi et ces autres l'opposition apparente entre la solitude et les foules. Dans ce rapport antithétique, alors que Baudelaire fait preuve d'un tempérament aristocratique et désire se suffire à lui-même, à travers des poèmes tels que la solitude ou à une heure du matin le thème de la foule vient contrebalancer cette attitude. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture