Spécificité de la tragédie, effets sur le spectateur, Antigone, Jean Anouilh, tragédie
Dans Antigone, Jean Anouilh fait dire au Chœur : « C'est reposant la tragédie parce que l'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat avec tout le ciel sur son dos et qu'on a plus qu'à crier ». Vous discuterez cette affirmation en vous appuyant sur les textes étudiés en classe et vos lectures personnelles.
La tragédie est un genre théâtral lyrique apparu au Ve siècle avant J-C. Cette forme met en place des personnages issus de haut rang social, en proie à un destin exceptionnel qu'ils ne peuvent éviter. Leur destinée est souvent tragique et malheureuse. Jean Anouilh, ayant déjà expérimenté ce genre, fait dire au Chœur, dans Antigone, une pièce tragique imaginée par Sophocle : « C'est reposant la tragédie parce que l'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat avec tout le ciel sur son dos et qu'on a plus qu'à crier ».
[...] Les spectateurs qui s'identifient aux personnages ressentent leur malheur comme si c'était le leur, créant une connexion émotionnelle entre eux et le héros tragique. La tragédie est reposante dans le sens où le spectateur sait déjà que l'issue de la pièce sera malheureuse. En effet, l'auteur le dit dès le début, et l'on voit bien que le héros n'a aucune chance face aux forces supérieures qui le manipulent et le dominent. La notion de la fatalité implacable du destin est omniprésente. [...]
[...] Il n'y a aucun suspense puisque la fin est déjà connue de tous. Dès le commencement de l'œuvre, les jeux sont faits. Tout est joué d'avance et ce qui doit arriver arrivera. Le héros est, dès le début, pris au piège de son propre destin. Il n'a aucune échappatoire possible, étant marqué par le sceau du destin et par une sorte de nostalgie du bonheur et de la vérité. Cette idée de mort est déjà présente dans la plupart des prologues des œuvres tragiques. [...]
[...] Alors que ces derniers sont pour la plupart remplis d'espoir, de détermination, et croient pouvoir changer le cours du temps, le public sait, quant à lui, que toute démarche est vaine et que les héros n'ont aucune prise sur les évènements. Le public sait que les personnages ne peuvent pas gagner contre le destin. C'est une lutte inégale et inutile qui touche le spectateur, puisque celui-ci connaît le fin mot de l'histoire. Il peut, tout en sachant cela, se mettre à la place du personnage et se demander ce qu'il ferait à sa place, quelle décision il prendrait et comment il réagirait. [...]
[...] De ce fait, la longue lutte fatigante et vaine du héros tragique, ainsi que l'issue mortelle et malheureuse de l'œuvre touche le spectateur. Celui-ci ressent de la terreur et de la pitié face aux horreurs que subissent les personnages, et dont il est témoin. L'ajout de la terreur à la pitié cause la catharsis, la purgation des passions excessives de l'Homme. La pièce tragique, loin d'être reposante, a donc pour but de purger les passions des spectateurs. L'exemple du destin tragique des personnages est censé détourner le spectateur d'actes semblables. [...]
[...] L'enterrer est considéré comme un acte de révolte par Créon et le peuple, un acte répréhensible, passible de la peine de mort. Antigone, pourtant, ne regrette pas ce qu'elle a fait, car elle n'aurait pas pu se regarder en face si elle n'avait pas accompli ce geste en l'honneur de son frère disparu. Pour elle, c'était une obligation morale. On voit ainsi que la notion de fatalité implacable est toute-puissante et règne en maître absolu dans les pièces tragiques, puisque, quoi que fasse le héros tragique, il ne peut pas lutter. [...]
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