Le thème de la solitude se détache et semble relier chacun des textes. Elle n'apparaît pas comme un élément malfaisant, au premier abord, et a l'air au contraire de permettre une certaine progression vers les objectifs que se sont fixés les protagonistes de chacune des œuvres, quels qu'ils soient. Pourtant, la solitude n'est pas un élément positif en elle-même, et s'y soumettre pourrait être plus ambigu et plus complexe qu'une première lecture pourrait le suggérer.
Il s'agira donc d'étudier la notion de désespoir qui traverse ces textes, et qui s'impose comme cause et résultat de la solitude. Cela introduit l'aspect cyclique de cette solitude, aspect réellement important puisque comme chaque cycle il ne peut être dépassé que par une interruption et par la création d'un nouveau cycle. Cela conduira au motif de la quête, une quête qui ne repose que sur le seul protagoniste et qui le coupe de tout autre rapport. Une quête, enfin, qui semble le détruire de l'intérieur. Puis il s'agira d'analyser l'apaisement final, la paix retrouvée, ce qui permet de réduire cette solitude, d'envisager une réparation de ce qui a été détruit par elle (et grâce à elle).
[...] Le narrateur de l'Escargot Entêté se libère d'une présence qui était, pour le coup, réellement entêtante et qui semblait s'attacher à ses pas. Il trouve la paix dans le monde des hommes, dans sa vraie fausse décision finale d'aller se constituer prisonnier (p.149). Mina trouve une certaine paix dans sa relation avec Victor, relation qu'elle s'était jusqu'à présent refusée. Et elle [Mina] coucha sa tête sur l'épaule de Victor (p.375). Cette phrase ébauche une possible relation, qu'elle soit amoureuse ou amicale importe peu : pour la première fois, Mina semble se lier à un homme. [...]
[...] Les protagonistes de chaque roman doivent créer un nouveau cycle, peut-être plus vertueux. Une fois que Mina a rompu le cercle vicieux dans lequel elle était tombée, par la faute Suzon, il faut encore qu'elle accepte de passer à autre chose. La solitude dans laquelle elle s'était enfoncée devrait l'en empêcher. En effet, si la quête était une aventure individuelle, profondément attachée à l'individu, et en l'envisageant comme une ligne droite, Mina se retrouve au bout de cette ligne, mais toute seule. [...]
[...] Elle est en proie à sa folie, mais c'est sa folie qui la pousse à s'improviser chasseresse. Elle chasse l'homme, et sa quête est constamment couronnée de succès. Rien ne s'y oppose, de fait, elle trouve toujours quelqu'un pour la posséder. Mais que possèdent-ils, sinon son corps qu'elle leur livre de plein gré ? Mina elle-même analyse froidement cette situation : C'était ce qu'elle voulait [ ] Qu'il soit l'objet muet de son plaisir De même, le narrateur de l'Escargot Entêté est un symbole de puissance : c'est le chef de son département. [...]
[...] Pour Mina, c'est l'amour impossible de son père pour Suzon et la haine tenace de cette dernière. Même quand il ne lui reste plus guère que sa hargne, elle ne lâche rien. C'est un élément du passé qui sauve et préserve constamment Mina : Rosalia. Mais Mina se méprend sur les intentions de Rosalia, qui ne parle pratiquement pas, et sa présence obsédante ne fait qu'accroître son sentiment de solitude. Elle est même là quand elle fait l'amour, et Mina ne peut pas savoir que c'est pour s'assurer qu'il ne lui arrive rien. [...]
[...] Il n'y trouve pas une plénitude sûre, même s'il se noie dans le travail et dans l'extermination des rats Un seul but dans ma vie. Anéantir les rats de cette belle ville qui pourrait être plus propre p.12). En effet, il est pleinement conscient du caractère vain de ses entreprises (p.12, de rats, dans la capitale ! Et certains jours, il se laisse aller à la mélancolie ou même clairement au désespoir. Mina de Chair Piment n'échappe pas à ce cycle vicieux de désespoir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture