Un certain nombre d'écrivains de notre époque, comme Sartre, Camus, Malraux, se sont sentis interpellés par l'actualité sociale, politique, économique. Ils ont voulu assumer leurs responsabilités en répondant aux problèmes souvent urgents de notre temps. Dès lors, ils ont donné parfois leur point de vue dans des articles de journaux ou des revues, parfois ont pris position et instruit l'opinion par des poésies, des romans, essais, pièces de théâtre. Tout écrivain est en situation dans son époque, disait Sartre, il est embarqué, quoiqu'il fasse. Même le refus de s'engager est encore une façon de s'engager (...)
[...] L'auteur dénonce les conditions de travail abominables des ouvrières, le logement et le froid, durée du travail et salaires, les mécanismes inexorables qui amènent des filles innocentes à la prostitution, et enfin le rejet social généralisé des femmes perdues, qui conduit à la perte des enfants. Le réalisme extrême des notations entraîne d'autant plus la compassion et la révolte du lecteur. Enfin le dernier texte C fait intervenir Hugo lui-même, omniscient, qui s'avance au-devant du lecteur, et passe du plan social au plan métaphysique et religieux. S'extrayant de ce tourbillon où s'agitent les foules, le poète éprouve le besoin d'expliquer la fatalité de ce drame. [...]
[...] Au total, l'écrivain a eu la volonté d'ignorer le public, pour ne considérer que le devoir d'art, la perfection du style. La littérature a été pour lui une religion, source de contraintes, d'épreuves et de solitude. Malgré la révolution de 1848, l'urgence et la gravité des problèmes sociaux et politiques de son époque, Théophile Gautier affirme également que l'art doit être cultivé pour lui-même, en dehors de toute préoccupation utilitaire. Le poète d' »Emaux et Camées »exprime sa conception de la beauté dans la dernière pièce de son recueil, L'art : Sculpte, lime, cisèle Que ton rêve flottant se scelle dans le bloc résistant. [...]
[...] Dans un premier temps, nous essaierons donc de montrer pourquoi, comment et avec quelles armes un écrivain peut contribuer à l'amélioration de la société.Mais ne peut-on justifier la position exactement inverse des écrivains de l'art pour l'art, comme Flaubert, ou des poètes parnassiens, comme T.Gautier ou J.M.de Heredia ? Ces derniers ont choisi comme idéal la Beauté artistique, et refusé complètement l'art social et utile. Nous étudierons enfin les limites de l'engagement social et politique, en nous demandant si l'écrivain doit prolonger son engagement jusqu'à se salir les mains, si nécessaire, au service d'un parti, et négliger le travail du style. [...]
[...] ( ( ( En définitive, nous avons constaté que l'écrivain peut contribuer à l'amélioration de la société, sans rien renier de son art, ni s'inféoder à un parti. A partir d'œuvres marquées fortement par les problèmes de leur temps, comme l'esclavage de la femme, les conditions inhumaines de vie des ouvriers et des mineurs, l'injustice et la torture, Voltaire, Hugo , Zola, ont su s'élever au dessus de la mêlée, jusqu'à devenir des défenseurs des valeurs universelles. En somme, toute œuvre littéraire, digne de ce nom, au-delà de son ancrage spécifique dans son époque, traduit une vision personnelle de l'homme et du monde qui s'adresse à l'homme universel. [...]
[...] Depuis 1848, grâce au député Schoelcher, la loi a supprimé officiellement l'esclavage. Mais ni le message évangélique ni la loi n'ont encore pénétré la société. Fantine, la femme abandonnée, la fille-mère, le symbole même du dévouement et de la maternité, devient alors une statue de marbre insensible. Quelle solution lui reste-t-il en effet ? Ni la philanthropie paternaliste de M.Madeleine, ni le législateur n'ont pu la secourir. Ce sera seulement en 1866 que la première Internationale se prononcera contre le travail des femmes. [...]
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