Situations II, Jean-Paul Sartre 1948, méthodologie littéraire, texte argumentatif, essai, fonction de l'écrivain, réalité subjective, responsabilité du lecteur, prose, impressions fugitives, champ lexical, commentaire de texte
Ce texte argumentatif est tiré de l'essai "Situations II" de Jean-Paul Sartre, ouvrage paru en 1948, et découpé en deux paragraphes : dans le premier mouvement, l'auteur explique et illustre sa vision de l'écriture ainsi que la fonction de l'écrivain ; et cet argumentaire annonce le propos exposé dans le deuxième mouvement. Ainsi dans un premier temps, nous verrons comment l'auteur, en utilisant l'argument de la singularité du regard de l'écrivain, souligne la valeur des mots en tant que catalyseurs d'une réalité subjective.
[...] À l'inverse, l'écriture fige et impose, et c'est ce que l'auteur entend lorsqu'il cite l'exemple de la Chartreuse de Parme de Stendhal « Il sait qu'il est l'homme qui nomme ce qui n'a pas encore été nommé ou qui n'ose dire son nom, il sait qu'il fait ‘surgir' le mot d'amour et le mot de haine et avec eux l'amour et la haine entre des hommes qui n'avaient pas encore décidé de leurs sentiments » (lignes 13-14). En effet, le doute est toujours permis lorsque les mots n'ont pas tranché. [...]
[...] La valeur des mots en tant que catalyseurs d'une réalité subjective Le texte débute sur le point de départ de la réflexion de l'auteur. Sartre livre une définition succincte de l'homme dans sa dimension unique, et ce par le biais de la notion de subjectivité, subjectivité qui teinte le regard de tout un chacun. Cette notion est centrale pour l'auteur, qui affirme que l'homme n'a pas été conçu en vue d'une fonction précise qu'il aurait à remplir ; ainsi rien ne détermine a priori son existence, qui précède son essence. [...]
[...] Mais cette « mission » dont s'acquitte l'écrivain, si elle concerne certainement le fond, peut aussi être servie par la forme ; c'est ce que Sartre, en usant des procédés qu'il décrit, démontre dans la deuxième partie de ce texte. III. Une argumentation persuasive de sa vision de la prose au service d'une défense contre la critique L'auteur expose sa conception de la prose comme étant centrée sur le fond, qui est premier dans l'écriture et lui-même renforcé par la forme à laquelle l'écrivain le soumet. [...]
[...] Ainsi, la subjectivité transfigure le réel : l'homme appose un regard qui lui est propre aux objets et les mots transmettent à ce regard une dimension définitive et donnée. En cela l'on peut dire que les mots sont les outils de création d'une réalité subjective. Le fait d'apposer des mots sur des objets abstraits tels que les sentiments les définissent, leur donne un cadre et les matérialise dans le réel. En effet, les émotions qui agitent l'homme, si elles restent internes, ne semblent être qu'un amalgame désordonné et fluctuant d'impressions fugitives : elles ne prennent sens qu'à partir du moment où elles sont nommées. [...]
[...] La responsabilité qu'insufflent les mots à l'écrivain L'écrivain, par les mots, transfigure la réalité et lui donne une consistance, c'est pourquoi il doit avoir conscience de la valeur de ces derniers. Celui qui écrit donne une orientation et inflige des changements, par sa subjectivité, au monde qu'il décrit ; aussi les mots qu'il utilise dans ce but doivent être bien choisis. Sartre envisage l'écriture comme un projet qui tend vers un but, aussi il écrit que l'écrivain « ne saurait écrire sans le projet de réussir parfaitement » (lignes et qu'il se doit, aussi modeste qu'il fût, de construire son œuvre « comme si elle devait avoir le plus grand retentissement » (ligne 7). [...]
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