Ce document est une dissertation de philosophie dont le sujet est le suivant : "Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? ".
Pour se demander si les sens ne sont pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances, il faut d'abord apercevoir dans quelle mesure et de quelle manière ils nous fournissent des connaissances et quelle est la nature des connaissances qu'ils nous fournissent ; ensuite, il faut examiner si d'autres sortes de connaissances n'échappent pas par principe à toute possibilité d'expérience par les sens, relevant ainsi d'autres fonctions de l'esprit (une « raison pure », un « entendement pur ») ; si c'était le cas, les sens ne nous fourniraient pas toutes nos connaissances. Mais, même si ce n'était pas le cas (dans le cas où aucune connaissance véritable ne paraîtrait pouvoir être fournie par la raison ou l'entendement seuls), il faudrait encore examiner si les sens seuls en sont capables, ou bien si toute connaissance, lors même qu'elle exige un rapport à une réalité que seuls les sens rendent possible, n'exige pas aussi de mettre en œuvre des fonctions rationnelles (relevant de la raison) ou intellectuelles (relevant de l'entendement).
[...] Or, ce qui est infini échappe à l'expérience sensible, qui est toujours déterminée et délimitée. Le monde lui-même, bien qu'il soit l'ensemble de tous les objets qui peuvent être vus et dont on peut faire l'expérience, ne peut être vu lui-même ; il ne peut, comme tel, faire l'objet d'une expérience fondée sur les sens, d'une expérience d'ensemble, mais seulement d'un ensemble d'expériences (dont la liaison ne peut se faire au moyen d'une seule expérience, mais d'une construction théorique raisonnée). [...]
[...] [III] [Le problème de l'origine des principes rationnels de toute connaissance : ils ne peuvent venir de l'expérience] [Transition] Il paraît nécessaire de reconnaître (avec les « rationalistes ») qu'il y a dans l'esprit des principes (intellectuels, rationnels) qui organisent et règlent le fonctionnement de l'expérience sensible, de telle sorte que l'on puisse en tirer de véritables connaissances (sinon on n'obtiendrait que de simples enregistrements d'impressions ponctuelles et sans liaison, mais jamais la perception d'un objet identifié, déterminable, reconnaissable, connaissable objectivement), si bien qu'il faut dire qu'il y a dans l'esprit deux sources de toute connaissance « actuelle » (c'est-à-dire en tant qu'elle est effective, au moment où elle est effectuée) : la sensibilité et la raison. Cependant (soutiennent les « empiristes »), on peut montrer que les principes rationnels eux-mêmes viennent de l'expérience sensible seule et se constituent progressivement sans que l'on ait à supposer leur existence originaire dans notre esprit depuis notre naissance. Le problème est donc, maintenant, de savoir d'où peuvent venir les idées générales et causales, les principes sans lesquels la connaissance objective constituée n'est pas possible. Les sens sont-ils capables de les produire par eux-mêmes ? [...]
[...] En somme, pour le dire simplement, à la manière de Leibniz : tout ce qui est dans notre esprit nous vient des sens et de l'expérience, mais non pas notre esprit lui-même ; « nous sommes innés, pour ainsi dire, à nous-mêmes » ; toutes nos connaissances nous viennent des sens, sauf ce qui, dans nos connaissances, tient à la nature et la forme de notre esprit lui-même, et que nous pouvons apercevoir par la réflexion. Il est important philosophiquement de distinguer et de séparer l'étude psychologique et génétique du développement de l'esprit (étude de faits empiriques) et l'étude des conditions de possibilité de la connaissance (étude de droit et que Kant appelle « transcendantale »). [...]
[...] En effet, ce qui se montre dans l'expérience sensible d'un objet quelconque cache en même temps tout ce qui, en lui, ne se montre pas (qui est derrière, dessous, à l'intérieur, etc. ; il y a toujours du plus petit, du plus grand, du plus lointain), qui ne se voit pas et qui, au mieux, donne l'idée d'y aller voir - c'est cela même le ressort et la condition de possibilité de la recherche scientifique. Les sens ne suffisent pas à nous procurer toutes nos connaissances, parce que le réel ne se livre pas tout entier aux sens, il faut aller le chercher et avec d'autres instruments que les sens. [...]
[...] [Les vérités mathématiques ne sont pas tirées des sens mais de la seule raison] Or, comme Leibniz le rappelle, les mathématiques sont une science qui ne tire pas ses connaissances de l'expérience, dans la mesure même où elle vise à établir des vérités nécessaires. Car ce qui est véritablement nécessaire est universel, c'est-à-dire vaut dans tous les cas ; alors que l'expérience est précisément (c'est cela même son procédé pour s'efforcer d'atteindre l'objectivité de l'objet) ce qui procède cas par cas (c'est comme cela qu'elle évite la généralisation hâtive) : elle ne généralise que progressivement, en répétant l'expérience. [...]
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