Selon Pierre Brunel, le projet de Rimbaud est « d'agir à la manière d'un démiurge, et de proposer de refaire le monde, l'homme et la vie ». Le titre de son recueil de poèmes en prose posthume, « Illuminations », annonce d'emblée un programme ambitieux, celui de rendre compte d'états psychiques singuliers relevant de la révélation. Baudelaire lui aussi, en proie au doute tandis qu'il conçoit son Spleen de Paris, qualifie son projet de « singulier ».
[...] Selon Pierre Brunel, le projet de Rimbaud est « d'agir à la manière d'un démiurge, et de proposer de refaire le monde, l'homme et la vie ». Le titre de son recueil de poèmes en prose posthume, « Illuminations », annonce d'emblée un programme ambitieux, celui de rendre compte d'états psychiques singuliers relevant de la révélation. Baudelaire lui aussi, en proie au doute tandis qu'il conçoit son Spleen de Paris, qualifie son projet de « singulier ». Dans sa Préface (« À Arsène Houssaye ») il écrit cette phrase devenue célèbre: « Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? [...]
[...] Son propos est théorique, et l'on retrouve cette réflexion théorique tout au long des poèmes en prose. Chacun traite d'un sujet, raconte une histoire, ou plutôt une parabole destinée à illustrer la condition du poète et de tous les hommes sur terre. Baudelaire s'inspire presque toujours d'un épisode du quotidien- « Le chien et le flacon », « Les veuves », « Le vieux saltimbanque » « L'horloge », « Le gâteau », etc., pour élaborer une vision et une pensée. [...]
[...] On peut citer le poème « Aube », quintessence du recours à la féérie antique et de l'expérience enfantine: « J'ai embrassé l'aube d'été. Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.Alors je levai un à un les voiles. [...]
[...] Les évasions magiques de Baudelaire dans « l'Idéal » deviennent chez lui des fugues bien réelles, au cours desquelles se produisent des expériences extatiques inouïes. Dans le célèbre poème lyrique « Aube », il écrit: « J'ai embrassé l'aube d'été ». S'ensuit une hallucination de beauté: « La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom. » Chez Rimbaud comme chez Baudelaire, la poésie est hallucinatoire, le poète fait bien l'expérience de « refaire le monde, l'homme et la vie » au travers d'hallucinations. [...]
[...] Rien n'est plus éloigné de Baudelaire, qui n'aime que la ville et hait la nature, sauf dans le rêve de l'Idéal. Dans « Epilogue », écrit en vers comme en un retour aux Fleurs du Mal, il écrit: « Que tu dormes encor dans les draps du matin, / Lourde, obscure, enrhumée, ou que tu te pavanes / Dans les voiles du soir passementés d'or fin, / Je t'aime, ô capitale infâme Courtisanes / Et bandits, tels souvent vous offrez des plaisirs / Que ne comprennent pas les vulgaires profanes. [...]
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