Dans ce recueil il s'agit de littérature, les toiles sont absentes, et les mots tout seuls doivent, non seulement, faire image, mais "faire l'image".
Peintures est l'une des trois oeuvres que Segalen a publiées de son vivant. Mais lorsqu'elle paraît au milieu de l'année 1916, en pleine guerre, elle passe pratiquement inaperçue. C'est sa réédition en 1955 au Club du Meilleur Livre qu'elle commence a attirer l'attention.
Peintures magiques s'ouvre et se ferme sur une même Ronde des immortels. Les peintures magiques se déroulent comme toute peinture chinoise classique. De plus elles apparaissent d'une étrange inspiration taoïste Mais le recours au taoïsme appuie seulement la conception poétique de Segalen. La deuxième partie Cortèges et Trophée des Tributs des Royaumes est une immense et prodigieuse description de tous les tributaires venus des confins de la Chine. Enfin la dernière série, les Peintures dynastiques est une sorte d'histoire de la Chine (...)
[...] Ainsi le point de suspension est le signe le plus utilisé dans Peintures et à des endroits bien précis.Au début et à la fin des poèmes ex ouvrant les portes au Palais de cristal noir . p 73 puis p 75 des spectacles quotidiens . au commencement et à la fin des paragraphes. Le premier mot de Peintures advient après des points de suspension, induisant par cette insolite ponctuation une latence à partir de laquelle la voix va venir poser son propre tracé, tel le geste du peintre chinois posant la première ligne du dessin, séparatrice du ciel et de la terre. [...]
[...] C'est ainsi que l'agencement du texte renforce doublement cette philosophie. L'agencement du texte a pour but de renforcer cette philosophie taoïste. La singularité typographique vient du fait que les titres de ces peintures ne sont jamais placés en tête des textes, et ne sont même pas isolés du corps du texte-peinture, parce qu'ils sont eux aussi éléments constitutifs dans le texte. Les titres dans Peintures ont une puissance particulière. Les titres ne se contentent pas de désigner ce que la peinture représente. [...]
[...] Nous nous demanderons donc quelle est la place et le rôle de la peinture à travers l'imagination du lecteur et les mots du poète? ( sachant que parfois l'auteur ne décrit pas des peintures existantes). Nous verrons dans un premier moment, la place de l'esthétique du divers pour mieux cerner ensuite l'imagination mise en route par le lecteur que suscite la description des peintures. Enfin, nous verrons que le rôle de ce receuil tient a faire entrer le lecteur dans un espace magique en ayant pour but de sortir de la mimésis. [...]
[...] Mais malgré tout le bonimenteur est parfois aveuglé, il ne connait pas la situation réelle de la Chine en 1911. Segalen publia Peintures en 1916, non seulement donc après la chute de l'Empire en Chine, mais en pleine guerre mondiale. Il fallait donc demeurer dans l'imaginaire ( p 170) Vous êtes là : vous m'avez bien écouté jusqu'au bout. Merci. Je vous sais gré Peinture et littérature sont liés, la peinture plait, convainc comme la littérature même si parfois le bonimenteur oublie la réalité. Il a donc cette force de persuasion qui accroche le lecteur-spectateur. [...]
[...] Dans cet espace nouveau, le lecteur/spectateur se sent entrainé malgré tout dans le paysage ex : (p39) c'est vous-mêmes, Spectateurs, qui devez, mieux qu'un mime de théâtre, tenir le rôle de l'homme ici : et de la sorte: Le peu de ciel qui persiste coiffe votre front. L'écorce de la montagne vient plaquer sur vos yeux son grand masque. Les deux versants, propices aux échos, encapuchonnent vos oreilles. Il n'y a point d'hommes autres que vous? Mais le paysage, bien contemplé, n'est pas autre lui même, que la peau, -trouée par les sens,- de l'immense visage humain. Le spectateur est mis en relief par la majuscule. Dans cet espace nouveau il n'y a pas de mise en perspective. [...]
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