Outre le plaisir de sortir, assister à une représentation théâtrale suppose que le spectateur y soit en quête de plaisir, et il est donc légitime qu'il se soit renseigner en amont sur la pièce, son sujet, son intérêt, son genre, ou bien encore les remarques des critiques si ce n'est de proches ou de supports médiatiques comme la presse ou surtout internet. Évolution oblige ! Ainsi, au lever du rideau, il n'est donc pas totalement ignorant du spectateur auquel il va assister. De même, le simple lecteur de la version écrite a vraisemblablement lu les pages de couverture à la recherche d'un résumé ou d'une présentation, ou est-il resté tout simplement en attente devant l'illustration comme devant une affiche de cinéma. Dans tous les cas donc, un préalable temps de prospection est toujours entrepris et, assister ou lire une pièce de théâtre, témoigne de l'intérêt initial du spectateur-lecteur.
Il est alors légitime de se demander quelle est la fonction spécifique de la première scène d'une pièce, appelée scène d'exposition, et à quels critères reconnaît-on sa réussite. Le spectateur-lecteur attend-il des références particulières de cette forme d'introduction pour apprécier son efficacité ? Si la scène d'exposition est destinée avant tout à l'informer, elle cherche également à passer avec lui une sorte de pacte. Toutefois, au-delà de cette efficacité immédiate, elle jouera pleinement son rôle si elle parvient en plus à le séduire d'emblée.
Comme tout écrit, discours ou même film, la pièce de théâtre doit se plier à des règles formelles pour faciliter la compréhension des lecteurs, des spectateurs, des acteurs ou des assistants. La scène d'exposition, comme l'incipit pour le roman, va donc servir d'introduction pour livrer des informations sur le cadre spatio-temporel, présenter l'intrigue et les personnages.
Tout d'abord, le spectateur-lecteur doit savoir où et quand se passe l'action rapportée par la pièce. Ce cadre spatio-temporel est généralement précisé par les didascalies initiales. Ainsi, L'Illusion comique (Corneille) est « en Touraine, en une campagne proche de la grotte du magicien » (...)
[...] Ainsi sont mis en place les éléments essentiels qui vont caractériser chacune des pièces. L'histoire devient alors intelligible pour qui lit ou écoute et regarde. Les scènes d'exposition apportent encore d'autres indications nécessaires. Elles sont destinées à créer un pacte avec celui qui tient le livre en mains ou regarde la représentation. C'est-à-dire qu'elle est destinée à préciser au lecteur, et donc de confirmer ces notions auprès de la salle, quel genre théâtral et quel projet d'écriture entend mener l'auteur dramatique. [...]
[...] Si la scène d'exposition est destinée avant tout à l'informer, elle cherche également à passer avec lui une sorte de pacte. Toutefois, au- delà de cette efficacité immédiate, elle jouera pleinement son rôle si elle parvient en plus à le séduire d'emblée. Comme tout écrit, discours ou même film, la pièce de théâtre doit se plier à des règles formelles pour faciliter la compréhension des lecteurs, des spectateurs, des acteurs ou des assistants. La scène d'exposition, comme l'incipit pour le roman, va donc servir d'introduction pour livrer des informations sur le cadre spatio-temporel, présenter l'intrigue et les personnages. [...]
[...] Beaumarchais veut rivaliser d'habileté dans le schéma traditionnel du siège amoureux et apporte une causticité bien française dans cet univers espagnol de convention. Musset utilise le mélange des genres propre au drame romantique pour illustrer un proverbe, le titre suggérant combien il est dangereux de jouer avec les sentiments. Mais le registre comique du début connaît une fin malheureuse, rappelant la vue très pessimiste de l'amour humain qu'entretient l'auteur. Labiche veut distraire habilement au moyen d'une intrigue endiablée à péripéties où chacun tente de rétablir un équilibre compromis par le mensonge. [...]
[...] Le comte du Barbier de Séville est-il à peine parvenu sur la place qu'un importun gratteur de guitare vient contrarier ses projets. De même, les domestiques du chapeau de paille d'Italie se démènent frénétiquement et se content fleurette : les multiples points de suspension interrompent alors leurs propos et font monter la tension avant le retour de la noce attendue pour onze heures. Le compte à rebours est ainsi enclenché. Enfin, la meilleure façon de s'attacher immédiatement le lecteur-spectateur est de créer une complicité amusée (quand il s'agit du registre comique) ou la compassion pour le héros (dans l'univers tragique). [...]
[...] Dans la tragédie au contraire, il faut apitoyer le public par les malheurs ou les tourments du personnage. Dès la scène d'exposition de Phèdre (Racine) le personnage éponyme émeut et intrigue le spectateur : Une femme mourante et qui cherche à mourir ? Phèdre, atteinte d'un mal qu'elle s'obstine à taire, Lasse enfin d'elle-même et du jour qui l'éclaire, Peut-elle contre vous former quelques desseins ? Le spectateur ne peut que plaindre ces héros qui se consument et se désespèrent. Toutes ces scènes non seulement informent efficacement, mais font aussi entrer de plain-pied dans l'univers de l'auteur. [...]
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