Maupassant, de par l'influence importante qu'a eu Flaubert, son père spirituel, sur son œuvre, et de par sa participation active aux soirées de Médan, pourrait s'inscrire à la fois dans le courant réaliste et le mouvement naturaliste, courants littéraires auxquels il n'accorde aucune distinction. Toutefois, il conserve une certaine distance par rapport à ces deux écoles et tient à donner dans la Roman qui préface Pierre et Jean, sa propre définition des devoirs de l'écrivain réaliste : 'le réaliste, s'il est un artiste cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision la plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même'
[...] C'est également la satire de l'argent qui amène petit à petit à la satire de l'arrivisme bourgeois. Celui-ci se manifeste notamment par le biais de l'appartement de Jean. Dans le choix du logement, Mme Roland manifeste ouvertement son goût de l'ostentation en disant à maintes reprises : il faut montrer frapper l'œil Cette même volonté est flagrante dans la décoration de l'appartement boulevard François 1er. D'ailleurs, celle-ci frise le ridicule à force de surcharge d'objets hétéroclites. On note ici une nouvelle application remarquable de la fonction satirique de l'objet. [...]
[...] L'importance du portrait de Maréchal en tant qu'objet satirique est de nouveau confirmée. Au terme de cette analyse, il apparaît que la satire sociale dans Pierre et Jean revêt plusieurs aspects très différents les uns des autres mais complémentaires et tous mis en valeur par des procédés variés et efficaces à travers lesquels s'expriment le talent de Maupassant. Ainsi, grâce à la satire virulente qui s'en prend aux principaux aspects de la société en général à savoir la famille, le mariage, l'argent et les tares des principales stratifications sociales, ici, la bourgeoisie arriviste, Maupassant nous propose une peinture réaliste de la vie et de la société, conformément aux principes du mouvement naturaliste. [...]
[...] Il serait approprié de dire qu'ici fait la force'' ou plutôt fait l'union''. Il convient ici de noter l'importance de la mise en scène cruciale qui déclenche les vanités des personnages. Ce n'est pas un hasard si Mme Rosémilly est la seule intruse parmi les Roland lors de l'annonce du legs de Maréchal. Toutefois, cet élément perturbateur qu'est l'annonce de l'héritage semble trop imprévisible pour être vraisemblable et les différentes réactions des protagonistes introduisent un nouveau pan dans la satire sociale. [...]
[...] Aussi, le portrait de Maréchal, unique preuve restante de la trahison de Mme Roland puisque cette dernière a brûlé toutes les lettres que son amant lui envoyait, est un objet crucial dans l'enquête de Pierre et contribue ainsi à la satire du mariage et de la famille. La mise en scène contribue également à la satire du mariage de raison de Jean et Mme Rosémilly. En effet, lors de la partie de pêche de Saint Jouin, les personnages se retrouvent dans un cadre naturel où ils sont davantage susceptibles de s'exprimer spontanément. [...]
[...] La satire n'en n'est donc que plus virulente. De même, partie prenante dans le mariage, on retrouve dans Pierre et Jean la satire de l'argent présente sous différentes formes dans le roman. La première en respectant l'ordre chronologique de l'action est présente lors de l'annonce de l'héritage. En effet, la famille Roland qui tout au long du roman se révèle être on ne peut plus dissolue, fait bloc pour la première et dernière fois de l'intrigue : ennuyés par la présence de Mme Rosémilly, qui fait alors figure d'intruse, tous les membres de la famille sont unis par une même pensée : Ils demeuraient ( ) un peu ennuyés tous les quatre d'avoir invité cette étrangère qui gênerait leur discussion Mme Rosémilly pourtant appréciée de tout le monde se retrouve alors plus ou moins rudement congédiée. [...]
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