« Le rouet d'Omphale » est un poème écrit par Victor Hugo, situé dans le recueil Les Contemplations, publié en 1856. Il s'intègre plus précisément dans le livre II, intitulé « L'âme en fleur ». C'est le livre des amours. Presque tous les poèmes sont inspirés par son amante Juliette Drouet. Hugo conte les premiers temps de leur union, leurs promenades en forêt de Bièvre, leurs joies, leurs extases ; et aussi les épreuves vécues en commun, les malentendus, les réconciliations. « Le rouet d'Omphale » n'a a priori rien à voir avec cette liaison amoureuse. En effet, le poème retrace un célèbre mythe grec ; Hercule, puni par Zeus pour le vil meurtre d'un de ses amis, se voit vendu à Omphale, reine de Lydie. Une tradition s'est plu à montrer le héros, amolli par le faste oriental, soumis corps et âme à sa maîtresse, filant la laine à ses pieds, vêtu de la robe lydienne, tandis qu'elle arborait, massue à la main, la peau du lion de Némée.
Dans ce poème, Hugo réécrit entièrement le mythe : Hercule et Omphale sont curieusement absents, l'humiliation et l'assujettissement présumés du héros aussi. Se profile ainsi toute une réflexion personnelle sur les relations entre hommes et femmes, qu'Hugo dévoile subtilement par le biais de plusieurs grandes figures de la mythologie antique.
[...] Euripide et Sophocle s'en sont inspirés pour leurs tragédies ; Pindare et Théocrite pour leurs poèmes. Ceci étant, les deux seuls auteurs à avoir conté la vie d'Hercule dans son entier restent à ce jour Ovide et Apollodore, un prosateur du Ier siècle de notre ère. Ceux-ci racontent qu'Hercule tua un jour délibérément l'un de ses bons amis pour venger l'insulte que lui avait faite le père du jeune homme. Zeus lui-même se chargea de la punition : il envoya le héros en Lydie pour y être esclave de la Reine Omphale. [...]
[...] Cependant, odieux, effroyables, énormes, Dans le fond du palais, vingt fantômes difformes, Vingt monstres tout sanglants, qu'on ne voit qu'à demi, Errent en foule autour du rouet endormi : Le lion néméen, l'hydre affreuse de Lerne, Cacus, le noir brigand de la noire caverne, Le triple Géryon, et les typhons des eaux Qui le soir à grand bruit soufflent dans les roseaux ; De la massue au front tous ont l'empreinte horrible, Et tous, sans approcher, rôdant d'un air terrible, Sur le rouet, où pend un fil souple et lié, fixent de loin dans l'ombre un œil humilié. INTRODUCTION Le rouet d'Omphale est un poème écrit par Victor Hugo, situé dans le recueil Les Contemplations, publié en 1856. [...]
[...] Le génie du poème réside dans la mise en scène du rouet et des spectres, véritables symboles. L'incrustation du mythe d'Europe dans le mythe général du rouet d'Omphale est également un tour de force majeure : lui-aussi réinterprété, il concentre la réponse à l'idée générale du poème. Le pouvoir des femmes sur les hommes y est suggéré à travers l'amour, la passion, l'exaltation des sentiments. Hercule aussi bien qu'Europe, font ici figure de la féminité sublimée. Le Rouet d'Omphale est peut-être, en fin de compte, le résultat le plus parfait du mélange entre mythologie et romantisme. [...]
[...] Les procédés littéraires Hugo mêle à son Rouet d'Omphale nombre de procédés littéraires habilement et subtilement fondus dans les vers. Outre une métrique parfaite et un choix des mots savamment étudié, le poète ajoute une maîtrise complète des figures de rhétorique les plus efficaces. On constate ainsi une abondance d'antithèses frappantes, telle que l'opposition entre le magnifique rouet endormi et les spectres sanglants qui errent et rôdent sans répit ; les monstres marins qui épouvantent la délicate Europe ; ou encore le rouet placé au centre de l'atrium, face aux monstres hantant le fond du palais etc. [...]
[...] Les plus grandes légendes de l'antiquité laissent ainsi leurs traces dans des poèmes tels que Le Satyre (Légende des siècles) ou Les Mages (les Contemplations). Si Hugo livre dans Le Rouet d'Omphale une réflexion sur les relations particulières entre hommes et femmes, c'est parce que le sujet mythologique s'y prête ; l'antiquité raffole des légendes qui mettent en opposition les deux sexes. Sûrement le poète a-t-il été largement influencé par le célèbre mythe des Amazones. Selon les légendes, les Amazones seraient les filles du dieu grec Arès (dieu de la guerre) et de la déesse Artémis ou d'Aphrodite. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture