Le genre littéraire des histoires tragiques est né au milieu du XVIe siècle, dans une période encore marquée par les guerres de religions et le courant artistique baroque, caractérisé notamment par le pessimisme qu'il dégage. Les histoires tragiques sont profondément marquées par la pensée catholique et le droit. François de Rosset (1570-1619) est l'un des auteurs qui a rencontré le plus de succès dans ce registre souvent peu reconnu. En effet, son livre, Histoires tragiques a connu pas moins de trente-quatre éditions entre 1614 et 1657. On y compte vingt-trois nouvelles, toutes relevant du registre tragique et suivant la même composition en trois temps : une introduction qui oriente la lecture dès le début, un récit, et une conclusion qui contient une morale. La nouvelle sur laquelle nous allons plus particulièrement nous pencher est l'Histoire IX, intitulée De la cruauté d'un frère exercée contre une sœur pour une folle passion d'amour. Le passage que nous allons étudier est un moment clef et tragique de l'histoire : il s'agit de l'assassinat d'Isabelle, une jeune femme enceinte, par son propre frère, Iracond. Le début du texte raconte qu'Iracond est tombé éperdument amoureux d'une amie de sa sœur, qui est déjà mariée. Isabelle refusant de le favoriser en ce sens, il la tue, rendu fou par sa passion interdite.
En quoi la scène du fratricide de l'Histoire IX illustre-t-elle parfaitement le genre littéraire auquel elle appartient ?
[...] En effet, son livre, Histoires tragiques a connu pas moins de trente-quatre éditions entre 1614 et 1657. On y compte vingt-trois nouvelles, toutes relevant du registre tragique et suivant la même composition en trois temps : une introduction qui oriente la lecture dès le début, un récit, et une conclusion qui contient une morale. La nouvelle sur laquelle nous allons plus particulièrement nous pencher est l'Histoire IX, intitulée De la cruauté d'un frère exercée contre une sœur pour une folle passion d'amour. [...]
[...] On retrouve bien ici la fonction d'instruction religieuse de l'histoire tragique, au service de l'Eglise. Bien entendu, cette dimension, ainsi que celle qui fait l'éloge du droit, a des limites, mais il ne faut pas la négliger. Ici c'est une composante primordiale, un enjeu capital du passage. Ainsi, Rosset introduit habilement un éloge de l'Eglise catholique, dans une scène pourtant pathétique, où l'émotion semble être le principal enjeu. En réalité, l'auteur se sert de l'émotion du lecteur pour mieux le convaincre. [...]
[...] Ici Rosset ne cherche pas à créer du suspense. Ce n'est pas du tout le style des histoires tragiques. Rosset dit clairement au lecteur qu'Iracond va mourir, de manière à la fois implicite (par la description de l'acte) et explicite : le malheureux digne supplice mort ignominieuse Ainsi, ce passage est véritablement une annonce pour la suite. Le lecteur pourrait presque s'arrêter là. L'art de persuader et de faire passer une morale de l'auteur suffit à comprendre ce qui va arriver à Iracond. [...]
[...] En effet, il ne faut pas oublier qu'Iracond étudie le droit, et ce brillamment. Le droit a donc été pour lui source de fierté pour lui-même et pour son père, il lui a permis de gagner l'estime de son entourage. Et, ironie du sort, c'est ce même droit, qu'il connaît pourtant si bien, qu'il voulait défendre, qui le condamne et qui va le précipiter dans la mort. Le portrait singulier d'Iracond qui se profile dans ce passage rend la scène davantage importante. [...]
[...] Il n'est donc pas étonnant que passage ait été écrit selon les normes du genre auquel il appartient. Tout d'abord, nous observons que cette scène reprend l'esthétique baroque, le courant qui a vu naître les histoires tragiques. En effet, le baroque exprime un désir de simplicité et d'unité, que Rosset utilise très fréquemment. Ainsi, le passage étudié, qui n'est tout de même pas anodin, s'étale sur un peu moins de deux pages. Certes, il s'agit d'une nouvelle, mais on sent ici que Rosset a fait en sorte de narrer brièvement les faits, sans toutefois ôter à la scène son caractère émotionnel. [...]
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