Michel Jeanneret (Perpetuum mobile. Métamorphoses des corps et des œuvres de Vinci à Montaigne, Paris, Macula, 1997, p. 224) estime que dans les Amours de Marie, « le spectacle de la variété, le choix du composite semblent marquer le triomphe de la métamorphose [… dans un défilé …] toujours en quête d'un équilibre entre l'ancien et le nouveau, le même et l'autre, le stable et l'instable. » Dans quelle mesure ce point de vue vous semble-t-il de nature à éclairer le recueil poétique de Ronsard ?
Une métamorphose est, littéralement, une transformation, un changement d'état, une mutation. Elle est plus qu'une simple évolution : elle est révolution. C'est ce que Michel Jeanneret veut signifier dans son ouvrage Perpetuum mobile, où il étudie les Métamorphoses des corps et des œuvres de Vinci à Montaigne (Paris, Macula, p.224). Selon lui, chez Ronsard, le poète de la Pléiade, dans son recueil poétique, Amours de Marie, la « métamorphose » est « triomph[ante] » et prend sa source dans « le spectacle de la variété [et] … du composite ». Il conçoit cette métamorphose comme une recherche constante « d'un équilibre entre l'ancien et le nouveau, le même et l'autre, le stable et l'instable ». Cette métamorphose globale est aussi formelle que poétique. Est-elle clairement établie, tracée, ou cache-t-elle de l'ambiguïté, et dessine-t-elle de la continuité ? La métamorphose qui s'opère dans l'œuvre de Ronsard se veut polysémique (elle a plusieurs sens) ; elle est au service et découle en même temps d'une sorte d'esthétique de la variété et du composite. Qui dit métamorphose, pense de prime abord instabilité : peut-elle se lier avec continuité ?
[...] L'œuvre des Amours de Marie est placée sous le signe esthétique de la varietas latine, de la variété. Selon cette esthétique, une œuvre belle est une œuvre variée. Il faut bien prendre garde à une chose : la variété ne peut, et ne doit pas être considérée comme une simple répétition ennuyeuse, elle est plutôt basée sur une renaissance et un renouvellement féconds. L'œuvre de Ronsard, c'est un fait, est caractérisée par l'ampleur et la variété : elle est l'œuvre (on parle de tous les écrits de Ronsard, pas que des seules Amours de Marie) la plus importante et la plus conséquente de toutes les œuvres de la Pléiade. [...]
[...] Une chose est sûre, elle donne force et cohésion aux Amours de Marie. Cette métamorphose dont parle Michel Jeanneret dans sa citation semble, comme il l'a été vu, aller de pair avec une certaine instabilité. Or, peut-être est-il possible de concevoir que cette instabilité connaisse des limites, et qu'elle face place à ou cohabite avec l'idée d'une certaine continuité ? En effet, on peut lire cette continuité au sein- même du texte des Amours de Marie. En outre, il est possible d'avoir affaire à une sorte de continuité déplacée, par la postérité, le devenir de l'œuvre. [...]
[...] Ronsard, Amours de Marie : la métamorphose et la variété Sujet : Michel Jeanneret (Perpetuum mobile. Métamorphoses des corps et des œuvres de Vinci à Montaigne, Paris, Macula p. 224) estime que dans les Amours de Marie, le spectacle de la variété, le choix du composite semblent marquer le triomphe de la métamorphose [ dans un défilé ] toujours en quête d'un équilibre entre l'ancien et le nouveau, le même et l'autre, le stable et l'instable. Dans quelle mesure ce point de vue vous semble-t-il de nature à éclairer le recueil poétique de Ronsard ? [...]
[...] Il est clair que cette métamorphose s'opère : elle touche la forme (du recueil, du contenu du recueil), elle touche aussi la poésie le texte lui-même, qui évoluent. La variété et le composite sont bien au cœur des Amours de Marie, à propos du style, de ou des formes, et dans l'écriture même. La métamorphose est alors vraiment polysémique. Cependant, il peut, on l'a vu, y avoir des limites à cette métamorphose : une continuité, déplacée, partielle, mais bien vivante, est bien présente. [...]
[...] Une modification flagrante est l'ajout aux Amours de Marie en 1578 d'une pièce Sur la mort de Marie. L'amour est à présent dans ce recueil autre que courtois, il est presque assimilé à une oraison ( comme les oraisons funèbres de Bossuet). La disposition des pièces dans le recueil des Amours de Marie est très élaborée. Il s'agit d'un travail incessant qui se base sur différents critères. Tout d'abord, une recherche d'intérêt pour les effets d'échos, de voisinage (par exemple, deux chansons qui se suivent, p.178/179 avec la répétition de tout dans la première chanson, et de si dans la seconde), le refus d'une cohérence globale (alternance des sonnets avec d'autres formes). [...]
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