« Le roman et le réel » : ensemble, ces deux mots ont bien souvent fait l'objet de grandes réflexions.
Michel Butor, auteur du 20ème siècle, a son avis sur la question : « La différence entre les évènements du roman et ceux de la vie, ce n'est pas seulement qu'il nous est possible de vérifier les uns, tandis que les autres, nous ne pouvons les atteindre qu'à travers le texte qui les suscite. Ils sont aussi, pour prendre l'expression courante, plus « intéressants » que les réels. L'émergence de ces fictions correspond à un besoin, remplit une fonction. Les personnages imaginaires comblent les vides de la réalité et nous éclairent sur celle-ci. »
Pour l'auteur, même si les deux termes semblent s'opposer, ils sont en fait très proches, bien que différents. Le roman semble essentiel pour éclairer le lecteur sur le réel.
Mais ce lien qu'établit Michel Butor entre le roman et le réel est-il si évident qu'il paraît l'être ?
[...] Pour l'auteur, même si les deux termes semblent s'opposer, ils sont en fait très proches, bien que différents. Le roman semble essentiel pour éclairer le lecteur sur le réel. Mais ce lien qu'établit Michel Butor entre le roman et le réel est-il si évident qu'il paraît l'être ? En premier lieu, nous verrons que la fiction peut au contraire éloigner du réel. Puis, suite à cela nous nous demanderons s'il n'est pas moins risqué de reproduire le réel plutôt que de plonger le lecteur dans un univers imaginaire. [...]
[...] Les auteurs réalistes ont-ils conscience de cela ? Concernant Emile Zola, sa position paraît assez claire. Il ne semble pas réellement avoir conscience des limites de son entreprise, ou peut-être ne veut-il tout simplement pas les voir ! Cependant on ne peut pas dire que cela soit le cas de tous les romanciers réalistes. Stendhal, dans Le Rouge et le Noir, utilise la métaphore du reflet : Le roman est un miroir que l'on promène le long d'un chemin Il y a dans cette phrase l'idée que le romancier est passif, et donc que le roman s'écrit tout seul : il est reflet de la réalité et non pas celui de l'imagination son créateur. [...]
[...] A partir du 19ème siècle, des auteurs tels que Balzac, Zola, Stendhal se sont essayés à ce roman qui serait une mimésis du réel. Considérant que la fiction n'était qu'une illusion qui éloignait le lecteur de la réalité, ils se sont donnés pour rôle de rendre le monde plus lisible. Cela va peu à peu conduire au roman réaliste, qui est un mécanisme de représentation du réel servant d'outil pour clarifier la société. Le merveilleux va être condamné en tant qu'obstacle au réel. [...]
[...] Mais cela suppose une entière confiance dans le pouvoir des mots. Cette confiance est-elle véritablement possible ? Les mots portent en eux une certaine subjectivité car ils sont en quelque sorte victimes du choix de l'écrivain. L'idée est en fait que le romancier serait celui qui comprend le réel et celui qui serait de ce fait capable de le représenter au lecteur. Cette volonté de peindre le réel suppose donc aussi une certaine objectivité. Or cette objectivité, nous venons de le voir, n'est pas possible, notamment compte tenu du choix des mots. [...]
[...] Ce roman est une satire des mœurs des femmes dans les couvents. Il est certes inspiré du réel, mais aussi de l'imagination de son auteur qui veut montrer l'absurdité des institutions religieuses, notamment des cloîtres. Quant à l'Abbé Prévost, il veut, dans l'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, instruire en amusant, instruire par le plaisir ! Et il semble en effet que ce genre d'œuvre peut avoir beaucoup plus d'impact qu'un simple article. Au fil de la narration, le lecteur se glisse dans la peau du personnage principal, les évènements sont donc perçus de manière assez intense. [...]
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