Le roman du XIXème siècle, en général nous a habitué à considérer un personnage, comme un type humain. On fait ici, référence à Balzac, Stendhal ou Flaubert qui ont inventé une collection de personnages très définis, qu'il s'agisse de Vautrin, de Homais ou de Julien Sorel. Chez Proust, le système est différent. C'est pourquoi Michel Decaudin, a dit : « le roman proustien cherche de toute façon moins à comprendre l'essence d'un personnage qu'à mettre en question les apparences ». Pour commenter cette citation, nous nous interrogerons sur le statut des personnages. Ne sont-ils que des êtres apparents, faux, trompeurs et superficiels ou sont-ils des personnages dont l'essence, c'est-à-dire la nature, la vérité est particulièrement explicitée ? Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps que les personnages proustiens sont flous, superficiels et caricaturés, puis nous constaterons que derrière la multiplicité de ce ces êtres se dévoile une unité créée par Proust et qu'enfin ce masque de départ attribué aux personnages tombe progressivement par le nom, le temps et le fait que le narrateur est encore un enfant au début du récit.
[...] Leur seul objectif est la gaîté de tous, pour le bien d'être ensemble et de former de petit clan Les personnages lors des réceptions jouent des rôles pour paraître. Chacun donne un peu dans sa manière et dans ses tournures mais jamais ne donnera tout. Ils se plient à des mondanités qui cachent ce qu'ils sont. On peut souligner que Proust, grand observateur réalise comme une collection des gens du monde. Il ne ménage pas ces petits groupes de personnes se soutenant pour faire valoir leurs intérêts, où règnent de parfaits sots, aristocrates, médecins, professeurs ou bourgeois parvenus. [...]
[...] C'est un véritable vertige car à chaque fois qu'un personnage arrive, il est différent de ce qu'on attendait. L'œuvre d'art est le symbole des Apparences, en effet, on déjoue les tricheries. Elle libère l'autre moi. C'est pourquoi la différence est grande entre l'homme social et l'œuvre. Des personnages tels que Bergotte l'écrivain, Elstir le peintre ou Vinteuil le musicien, sont décevants et ce, en totale opposition avec leurs œuvres artistiques. Swann ne peut croire que le Vinteuil qu'il connaît est l'auteur de la sonate, cette petite phrase dont il est tombé amoureux car on dit que ce Vinteuil est malade, voire menacé de folie. [...]
[...] On doit donc reconnaître qu'à l'habituelle psychologie beaucoup plus fine, plus nuancée, adaptée aux êtres changeants toujours en mouvement que sont les êtres humains. Ceci est réalisé grâce à deux facteurs importants qui sont le temps qui passe et le narrateur qui grandit au fil des pages. A partir de là, une autre question se pose qu'est ce qui est le mieux entre les personnages très définis de Balzac ou Stendhal et la création progressive d'être réels de Proust ? [...]
[...] Dans la première parte, Combray, il en veut à Swann car celui-ci par sa présence l'empêche de voir sa mère et de l'embrasser avant de se coucher. Il le rend coupable de son mal être. Le lecteur qui suit donc l'état d'esprit du narrateur, va rendre responsable Swann alors que celui-ci n'est même pas au courant du tord qu'il cause au jeune garçon. C'est donc à cause de ce narrateur que l'on s'interroge sur l'essence des personnages. Le narrateur rempli de naïveté attache son regard à des détails qui ne sont pas significatifs. [...]
[...] Il permet de métamorphoser un personnage et inspire au lecteur comme au narrateur de mélancoliques réflexions sur la personne. Proust souhaite abolir certaines conventions du roman dans son œuvre et notamment celle-ci. En nous suggérant l'idéalisation que crée le narrateur avec le nom de Guermantes, il veut que le lecteur prenne conscience que lui aussi il procède à cela. Enfin, on peut remarquer que le nom ne définit pas une personne, au sens où il est légué à des enfants. [...]
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