Le XIXe siècle voit naître le réalisme puis le naturalisme, ces mouvements littéraires ont pour but de rendre compte de la société avec un souci d'objectivité, de vérité. Les personnages créés par les auteurs réalistes ou naturalistes sont donc fortement semblables à des personnages réels et c'est pourquoi durant cette étude nous nous demanderons si la tâche du romancier lorsqu'il crée des personnages ne consiste qu'à imiter le réel.
[...] Le choix de mettre en avant une des réalités du monde (la pauvreté ouvrière ou la vie d'un ex-soldat de la première guerre mondiale) reflète l'envie qu'a l'auteur de la dénoncer. Pourquoi aller parler des Corons si ce n'est pas pour critiquer le patronat ou tout simplement pour apporter un jugement sur le mode de vie des mineurs ? En tous cas, pas par simple plaisir de reproduire la réalité. [...]
[...] Homais, en plus de véhiculer la satire de sa classe apporte une leçon (certes immorale) puisqu'il demeure le véritable vainqueur de la bataille sociale en recevant la croix d'honneur à la fin du roman. Flaubert nous explique donc à travers ce personnage que l'honnêteté et le respect ne sont pas des valeurs permettant d'accéder à la richesse. Il est donc évident que la finalité d'une œuvre ne réside pas dans la simple imitation du réel mais dans la diffusion de messages, de réflexions sur le monde. Ainsi le réalisme des personnages ne sert que de béquille soutenant les thèses de l'auteur. [...]
[...] En effet il y a très souvent interaction entre la classe sociale d'un personnage et sa façon de voir le monde. On en a l'exemple avec le personnage de Julien Sorel dans le Rouge et le Noir de Stendhal paru en 1830. Julien est issu d'une classe défavorisée puisque son père est charpentier. Il grandit sous l'empire et rêve de promotion sociale aux conquêtes Napoléoniennes. La restauration sera pour lui un boulet qui l'empêchera de s'élever. Désirant à tout prix parvenir à ses fins il choisira la voie de l'église. [...]
[...] Nihilisme qui sera omniprésent tout au long du roman puisque Bardamu traverse le monde sans but précis et ne se défait jamais de sa condition initiale. La classe sociale d'un personnage peut donc servir à critiquer la société. Cependant, le personnage à travers sa façon d'être peut lui-même établir plus ou moins implicitement la satire de sa propre classe. Le personnage du Père Roland dans Pierre et Jean de Guy de Maupassant publié en 1888 est en lui-même une véritable caricature. [...]
[...] Grâce à ce personnage allégorique, Rabelais critique l'Eglise, magnifie l'humanisme, parodie les romans de chevalerie. Il est donc évident que le réalisme des personnages n'est pas nécessaire à la diffusion d'un message et que le fait d'imiter le réel reste un choix de l'auteur. En fin de compte le romancier lors de la création de ses personnages ne cherche pas seulement à imiter le réel, certains romans ont d'ailleurs des personnages imaginaires. De plus la simple reproduction de la réalité n'a aucun sens et aucun romancier ne l'a pratiquée de manière à ce qu'elle soit une finalité en elle-même. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture