Le roman noir est un genre relativement récent, une branche du roman policier dont on observe les prémisses dans la littérature française du XIXe siècle, mais qui nous vient essentiellement d'Amérique, où il est apparu dans les années 1930 dans un contexte socioéconomique difficile. S'il est communément considéré aujourd'hui comme une oeuvre littéraire, il est intéressant de se demander quels sont ses traits caractéristiques, ou du moins ceux qui lui ont permis d'accéder à un tel statut, bref, de s'interroger sur sa littérarité (...)
[...] Pour les formalistes russes et en particulier Jakobson, la littérarité est fondée sur des spécificités linguistiques. C'est la combinaison verbale qui donne sa valeur littéraire à un texte, en plus d'une valeur intertextuelle (tout texte littéraire doit se construire selon un modèle). Aristote et Auerbach, quant à eux la voient, comme la manière dont le réel est mis en scène dans l'oeuvre 4. Aron conciliera ces deux approches en affirmant qu'elle résulte de la combinaison de trois éléments: l'attention portée au pouvoir référentiel du texte, à l'intégralité de sa surface et au jeu par lequel il mobilise l'affectivité5. [...]
[...] Toutefois, on ne peut douter qu'il s'agit d'une sous-catégorie du roman policier et qu'un certain nombre de constantes existent dans ce type de littérature. Tout d'abord, il a une visée réaliste et sociologique, il rend compte d'une réalité sociale. Tout y est écrit pour intensifier l'effet de réel. C'est une genre très ancré dans son temps qui se permet une critique de la société, clamant son manque de foi dans les valeurs qui devraient la régir, ne laissant aucune place au positivisme. C'est la société et ses fléaux qui rendent l'homme mauvais. L'auteur y est témoin de son temps. [...]
[...] L'effet de réel est une finalité du roman noir. Tout est mis en oeuvre pour l'accroître. L'identification y est très forte. Selon Aron, nous avons vu que trois points entraient en concurrence dans la littérature, à savoir le pouvoir référentiel, le jeu par les émotions et le travail du texte sur sa propre matière verbale. On peut sans aucun doute affirmer que le pouvoir référentiel et le jeu par les émotions sont des traits fondamentaux du roman noir et qu'ils contribuent donc à en faire une oeuvre littéraire. [...]
[...] L'atmosphère malsaine est également une récurrence dans le roman noir. Tout se joue dans un climat de criminalité, de violence, de marginalité, de malaise, au risque de tomber dans de grands clichés, eux aussi prépondérants dans ce type de littérature. Si l'on devait donner une équation caractérisant le climat de ce type de romans, ce serait ville + violence + nuit = roman noir Quant au registre de langue utilisé, on a un parler populaire, un langage lié à la criminalité, à l'oralité, sans règles ni codification, une écriture rapide et efficace (encore une fois pour accentuer le réalisme du récit). [...]
[...] Réflexion théorique: Qu'en est-il de la littérarité du roman noir? Travail réalisé par Louis de Viron, étudiant en langues et littératures romanes à L'Université Catholique de Louvain Décembre 2007 Le roman noir est un genre relativement récent, une branche du roman policier dont on observe les prémisses dans la littérature française du XIXe siècle, mais qui nous vient essentiellement d'Amérique, où il est apparu dans les années 1930 dans un contexte socioéconomique difficile1. S'il est communément considéré aujourd'hui comme une oeuvre littéraire, il est intéressant de se demander quels sont ses traits caractéristiques, ou du moins ceux qui lui ont permis d'accéder à un tel statut, bref, de s'interroger sur sa littérarité. [...]
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