Dans son essai, Du Roman, Zola exprime la volonté naturaliste de dépeindre la 'vérité, (…) drame vrai [qui] montre brusquement au grand jour le vrai mécanisme de la vie'. Pourtant, on peut se demander si le roman naturaliste ne se livre pas à une déformation, à une simplification de la réalité.
[...] Ils opposent de façon manichéenne les puissants aux maigres et le destin des personnages semble soumis à un déterminisme rigide, qui ne laisse aucune place au hasard. Pourtant, la transgression des règles de la doctrine naturaliste permet à l'imagination du romancier d'accéder à une primauté qui laisse libre court aux tonalités épiques ou symboliques voire mythiques. [...]
[...] Ces analogies bestiales montrent la part mystérieuse et incontrôlée de l'humanité. L'acte sexuel, si souvent décrit est lui aussi soumis à des descriptions parfois crues mais Zola veut simplement intégré à son récit, toutes les composantes de la nature humaine dont fait parti l'accouplement. Le roman naturaliste transgresse la réalité, mais il est avant tout un art, soumis à l'imagination fertile du romancier. Les dimensions symbolique, épique voire fantastique de certains passages montrent bien cette force créatrice, et les métaphores bestiales dont use Zola nous rappellent la part d'inconscient qui gouverne nos attitudes. [...]
[...] Bien sûr, le symbolisme est rejeté dans le cas présent car il est d'une étrangeté déconcertante au milieu des réalités voisines Mais le rejet n'est qu'apparent. Sandoz double littéraire de Zola qui condamne dans la peinture, l'utilisation de l'allégorie et du symbole ne se l'interdit pas, bien au contraire dans son travail romanesque. La métaphore, comme souvent chez Zola, conduit même au mythe. Claude, dans sa volonté incessante d'insuffler la vie aux femmes qu'il peint, ressemble à Pygmalion, même si le nom du sculpteur légendaire n'est jamais mentionné : Ah ! [...]
[...] Malgré le réalisme évident des situations proposées par les romanciers naturalistes, ils ont tendance à simplifier la réalité qu'ils décrivent. On peut tout d'abord noter que l'application trop systématique des lois scientifiques cause cette impression de simplicité de l'intrigue. Zola est fasciné par la science et en particulier par les théories de Taine sur l'influence de la physiologie et du milieu sur l'homme. Il est également intéressé par les idées de Claude Bernard sur l'expérimentation. Dans Le Roman expérimental, Zola formule une nouvelle conception de la création romanesque : le romancier prétend analyser le mécanisme des faits en opérant sur les caractères, sur les passions, sur les faits sociaux comme le chimiste et le physicien opèrent sur les corps bruts, comme le physiologiste opère sur les corps vivants L'écrivain naturaliste vise donc à l'objectivité, il s'interdit les a priori moraux. [...]
[...] Le roman se réduit donc parfois à une satire sociale ; les portraits du roman sont fragmentés et la répétition des mêmes traits, comme un leitmotiv, finit parfois par les transformer en caricatures : Christine, décrite avec précision lorsque Claude la dévisage, est réduite peu à peu à deux traits essentiels, à peine mentionnés au début : des mâchoires saillantes et des lèvres fortes. Zola se livre donc, souvent à une simplification de la réalité par le schéma qui oppose les bons aux méchants De plus, les romanciers naturalistes voulaient frapper l'esprit du lecteur en montrant la société telle qu'ils la voyaient mais ce désir peut mener à certains excès et à un risque de complaisance. Certains romanciers proposent une image désespérante de l'humanité, montrée le plus souvent comme égoïste, bornée, vulgaire et cynique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture