Le roman se définit comme une oeuvre littéraire en prose portant sur l'imagination, généralement longue, et faisant vivre et évoluer dans un espace des êtres de papier, des personnages donnés pour vrais, qui se réalisent tout au long du récit. Fiction narrative, le roman n'est pas tenu d'obéir à des règles, ce qui lui laisse un certain champ d'ouverture. On se pose souvent la question de la véracité d'un récit romanesque. Nombreuses ont été les critiques concernant ce genre. On l'accuse surtout au XVIIIème siècle de mentir, de s'opposer à la réalité. Le roman a souvent souffert de sa comparaison avec l'histoire. Louis Aragon, dans J'Abats mon jeu, publié en 1959 a d'ailleurs affirmé que ?'l'art du roman est de savoir mentir''. Le mensonge est-il ce qui caractérise le plus le roman et qui fait de lui ce genre si prisé ? (...)
[...] Mme de La Fayette n'est pas entrée au couvent et personne autour d'elle ne s'est éteint de désespoir. Nul doute qu'elle ait connu au moins les instants déchirants de cet amour sans égal. Mais il n'a pas eu de point final, elle lui a survécu, elle l'a prolongé en cessant de le vivre, et enfin personne, ni elle-même, n'en aurait connu le dessin si elle ne lui avait donné la courbe nue d'un langage sans défaut. Le roman n'est qu'une fiction habilement construite par l'auteur. [...]
[...] Le récit romanesque fait éclater les représentations traditionnelles du monde. Mais plus près de nous, les personnages sont des êtres fabriqués pour permettre aux hommes de mieux se comprendre. François Mauriac précise que les personnages sont artificiels et truqués, ce qui leur permet d'échapper aux insignifiances de la vie réelle. La légitimité du roman ne vient pas de sa capacité à reproduire le réel mais de sa portée morale, il contribue à la ‘'connaissance du cœur humain''. Mauriac écrit d'ailleurs que ‘'Tristan et Yseut s'inquiète de savoir si Tristan trouve le café assez fort. [...]
[...] La fiction romanesque est une fable, et à ce titre elle est trompeuse. Mais le lecteur ne le sait- il pas ? Le mensonge n'est pas une tare que le roman doit s'efforcer de voiler, de nier ou de corriger. Le mensonge est un principe esthétique positif qui parfois sert les intérêts de la vérité. Intuitivement nous sentons en effet que les énoncés contenus dans un roman ne relèvent pas du mensonge ou de la vérité dans le sens logique où sont pris ces termes. [...]
[...] L'imagination du romancier se met alors au service d'une création qui suscite l'intérêt du lecteur. Le mensonge séduit et devient nécessaire quand il permet d'échapper aux réalités sans véritable intérêt. Néanmoins, on peut se demander s'il s'agit réellement d'un mensonge lorsque l'on sait que ce n'est pas dans le but de tromper mais de séduire, de distraire qu'il est utilisé. La fiction n'est pas un mensonge au sens moral. Le romancier ne cherche pas à altérer la vérité. Il ambitionne surtout de conter. [...]
[...] Les romanciers nous donnent donc leur vérité. La fiction sert parfois les intérêts de la vérité. Dans Chaque femme est un roman, Alexandre Jardin écrit qu' ‘'on ne fait entrer la vérité dans un roman que par les jeux de l'illusion. Pas en cherchant à s'en délivrer." Dans le roman de Jane Austin, on peut percevoir que tout le roman est bâti sur l'illusion. "First Impressions" est le titre initial que Jane Austen avait donné à l'un de ses romans. [...]
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