Avec l'évolution du roman, le personnage s'est humanisé. Après avoir été un modèle de vertus et de valeurs chevaleresques comme dans les Romans de la Table Ronde de Chrétien de Troyes, il acquiert une dimension psychologique dont Mme de Lafayette est la première à montrer avec La Princesse de Clèves. Selon Alain Robbe-Grillet, le personnage de roman doit posséder un « caractère ». Nous pouvons alors nous demander si dans un roman, l'étude de ce caractère est le seul intérêt du personnage. Nous verrons dans une première partie que l'intérêt du personnage de roman peut se limiter à l'étude de son caractère puis dans une seconde partie que selon la fonction que donne l'auteur à son personnage, l'intérêt du personnage nécessite une étude plus large.
[...] Dans un roman, l'étude du caractère est-il le seul intérêt du personnage ? I. L'intérêt du personnage de roman peut se limiter à l'étude de son caractère 1. L'intérêt du personnage est de représenter une catégorie sociale 2. L'intrigue passe au second plan par rapport aux personnages 3. L'intérêt du personnage est de permettre au lecteur de s'identifier à une situation II. L'intérêt du personnage nécessite une étude plus large 1. L'intérêt du personnage peut également être de représenter les mœurs 2. [...]
[...] Encore une fois, l'intérêt du personnage se limite à l'étude de son caractère. Enfin, dans de nombreux romans, l'intérêt du personnage est de permettre au lecteur de s'identifier à une situation, ou du moins de la juger. L'intérêt du personnage se limite alors à l'étude de son caractère puisque c'est ce qui permet au lecteur de le juger, de l‘aimer, de le haïr selon Robbe-Grillet. Ainsi, c'est le caractère d'Emma Bovary dans Mme Bovary qui permet au lecteur de la situation des femmes de son époque vivant en province, mais rêvant de Paris, et désillusionnées par les romans romantiques. [...]
[...] L'étude de leur caractère est encore une fois sans intérêt. Ainsi, l'intérêt du personnage de roman ne se limite pas seulement à l'étude de son caractère. Pour les réalistes et naturalistes qui tentent de peindre la société de leur époque, une étude beaucoup plus large est nécessaire pour rendre l'intérêt de leurs personnages. Parfois, l'étude du caractère du personnage semble complètement inutile : c'est le cas des romans contemporains dont les nouveaux romans ou les romans dont le but est de dénoncer. [...]
[...] L'étude de son caractère suffit à rendre son intérêt. Ainsi, l'intérêt du personnage de roman semble pouvoir se limiter à l'étude de son caractère parce que l'intérêt d'un personnage peut d'une part être de représenter un type humain et d'autre part d'expliquer ses actions. De plus, le caractère suffit au lecteur pour le juger ou s'y identifier. Cependant dans certains romans, l'intérêt du personnage nécessite une étude plus large. En effet, selon la fonction que donne l'auteur du personnage, l'étude de son caractère peut se relever insuffisante pour rendre son intérêt. [...]
[...] L'étude de son caractère est alors inutile pour rendre cet intérêt. Par exemple, dans Gargantua de Rabelais, le personnage éponyme propose dans une lettre à son fils, un programme scolaire fondé sur les idées humanistes. L'intérêt du personnage est alors d'être le porte-parole des idées de l'auteur, l'étude de son caractère ne présente ici aucune utilité, à part peut-être mettre en valeur les idées de l'auteur en présentant le personnage avec un caractère savant, objectif On retrouve la même idée dans Les Lettres Persanes de Montesquieu. [...]
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