Dire l'indicible, explorer l'inexplorable, tel est le propre du roman. Ainsi, comme l'affirmait Louis Aragon dans Les cloches de Bâle, « Le roman, c'est la clef des chambres interdites de notre maison ». Fonction sans conteste présente dans l'oeuvre de Vladimir Nabokov "Pale Fire" et dans celle de Michel Déon "Un déjeuner de soleil" : l'écrivain, par les images qu'il exploite, par les mots qu'il emploie, par l'organisation à laquelle répond son oeuvre, parvient à communiquer une vision singulière de son univers au lecteur.
Le roman, récit contant des faits relevant de l'imagination, tire sa force de cette juxtaposition de la réalité et de la fiction. Malgré tout, c'est peut-être de cette association que naît la faiblesse de l'oeuvre romanesque. On perçoit donc à la fois les prétentions et les limites du roman. Finalement, l'écrivain, dans son roman, parvient-il à proposer au lecteur sa propre vision du monde ? Voilà l'interrogation fondamentale sur laquelle il faudra étayer notre réflexion.
S'il faut mettre en évidence le pouvoir d'influence du romancier sur ses lecteurs, pouvoir immense qui lui revient, pourtant, il faut également concevoir celui du lecteur pouvant prendre appui sur les faits relatés pour guider sa propre existence. En définitive, au point de trop lier réalité et fiction, le roman semble troubler le lecteur dans ses découvertes, mettant alors en péril toutes ses ambitions.
[...] - Premièrement, celle d'un poète talentueux, Johne Shade, qui compose un poème qui, malheureusement, n'a pas le temps d'être achevé, car John Shade est tué quelque jour avant sa fin. - Secondement, Pale Fire, c'est l'histoire d'un schizophrène, Charles Kinbote alias Botkin, qui s'imagine être le roi en exil d'une société qu'il s'imagine exister. - Enfin, l'histoire d'un fou qui tente de tuer le juge qui l'a fait interner. En fin de compte, ce sont ces trois aventures séparées qui finissent par se rencontrer. Charles Kinbote vient remplacer un professeur au collège Wordsmith, à New Wye, Appalachia. [...]
[...] Le roman permet à l'écrivain d'offrir ses perceptions. En quoi l'oeuvre permet-elle à l'écrivain réel de se découvrir, à travers une pure invention ? A. Le roman est le miroir le long d'un chemin Stendhal dans le Rouge et le noir. La découverte de l'identité de l'écrivain dans le roman Analysons tout d'abord la première spécificité de l'oeuvre romanesque. Le roman serait, aux dires de Stendhal, un long cheminement qui permettrait finalement à l'écrivain d'aboutir à une meilleure compréhension de lui-même. [...]
[...] Pourtant, Pale Fire semble être l'illustration parfaite de cette limite : Nabokov réussit à brouiller les pistes jusqu'à la fin, entre le réel et le fictionnel, pour finalement aboutir à un véritable roman policier intrigant et à faire passer ce message que le monde intérieur n'est qu'un reflet du monde extérieur. Le roman, donc, permet aussi de faire passer un message qu'aucun autre genre littéraire ou qu'aucune autre forme de communication ne serait parvenu à faire. Comme le dit Milan Kundera dans L'Art du Roman peut être que finalement la seule raison d'être du roman est de dire ce que seul le roman peut dire Bibliographie Feu pâle, Vladimir Nabokov, édition Folio Poche. [...]
[...] Toute une histoire va découler de ce commentaire. Charles Kinbote reprend un à un les vers de Shade pour les expliquer. Pourtant, on se rend vite compte qu'il divague, qu'il interprète les propos de celui dont il se propose justement d'en extraire le sens le plus pur. Il serait exilé de la Zemble, un pays imaginaire. Il croit dur comme fer à l'histoire de la Zemble, de son roi en exil Charles le Bien-Aimé, et que ces souvenirs sont à l'origine du poème de Shade. [...]
[...] Il semble incompris des autres. Le moment où une femme se met à lui parler lorsqu'il se trouve à l'épicerie est révélateur, et marque un tournant dans la compréhension de l'oeuvre : Je ne comprends pas que John et Sybil puissent vous supporter, d'autant que vous être complètement fou En quelque sorte donc, c'est ce poème qui le fait véritablement vivre. En pensant que ce poème a été écrit en l'hommage de ses royaumes imaginaires, il vit, il exulte. Il ne vit que pour ce poème. [...]
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