La formulation du sujet induit que le roman, en tant que type de texte, a des devoirs. Mais le roman est d'abord l'œuvre du romancier qui l'écrit. Il est, de par son statut d'objet, soumis également à l'interprétation du sujet qui le lit. Ainsi cet objet, produit par un sujet et ayant pour vocation d'être communicant pour un autre sujet aurait-il des devoirs. Mais des devoirs envers qui et pourquoi ? Nous reposerons ainsi la question en nous demandant si nous devons considérer le récit de la réalité comme un roman, si la traduction de la réalité par un sujet peut être fidèle à cette réalité et finalement nous nous demanderons s'il existe une production littéraire humaine échappant à la subjectivité du sujet qui la produit.
[...] Un auteur peut-il alors prétendre être le fidèle serviteur du réel ? Le problème réel de cette question réside dans le fait que cette intention peut parfois nous échapper car elle est l'expression d'un sujet pensant et nous prenons alors le terme sujet au sens Freudien du terme, c'est-à-dire disposant d'une part inconsciente de lui-même, en lui-même. Bien que l'intentionnalité traduise l'expression de la volonté du sujet, ce sujet n'en échappe pas moins à sa condition de sujet. Ainsi, admettons un sujet ayant pour intention de traduire au mieux la réalité, il n'en reste pas moins un sujet soumis aux éléments fondamentaux qui le constituent, son histoire, sa culture par exemple. [...]
[...] Cette altérité prenant la forme sociale de la censure, l'homme se voit parfois dans la nécessité d'utiliser cette capacité pour rendre compte du réel en utilisant des stratagèmes de protection. Ainsi le roman doit, à mon sens rester ce qu'il est, c'est-à-dire l'expression d'un sujet libre, libre de nous plonger dans un monde presque imaginaire mais qui traduit parfois la réalité. La réalité, au demeurant, restant également ce qu'elle est, c'est- à-dire l'interprétation du sujet qui la vie, doit se contenter de cet honneur, au combien précieux, d'être vécue. [...]
[...] Demandons-nous alors s'il existe une production littéraire humaine échappant à la subjectivité du sujet qui l'écrit. Existe-t-il une production littéraire humaine échappant à la subjectivité du sujet qui l'écrit ? Au regard de l'argument précédant, il semblerait facile de répondre que non. Echapper à la subjectivité du sujet qui l'écrit se résumerait alors à échapper à son originalité propre. La production littéraire humaine existe dans un premier, parce qu'un sujet, à un moment donné de sa vie, pour des raisons qui lui sont personnelles, ressenti le besoin de communiquer ses pensées. [...]
[...] L'introduction du roman, et l'association des termes roman et traduction fidèle de la réalité semble inopportune. Cependant, si on considère les œuvres d'Hérodote et de Thucydide, ou encore à celle de Jules César, on est à la juste limite du roman relatant la réalité. Des textes comme Les Confessions de Jean- Jacques Rousseau, posent encore de manière plus forte cette problématique. En effet, l'éloignement temporel des deux premiers auteurs cités, peut constituer un argument problématique, les différences de mœurs et de cultures pouvant expliquer les différences de mode d'expression. [...]
[...] Prenons pour exemple les romantiques du dix-neuvième siècle. Ces derniers ont souvent choisi de créer un personnage très proche d'eux mais différent, puisque personnage de roman, pour exprimer le malaise qu'ils ressentaient à l'époque. La confession d'un enfant du siècle d'Alfred de Musset ou encore René de Chateaubriand, témoignent de cette procédure. Ainsi, sous couverts d'une production littéraire romanesque, ces deux écrivains se sont donnés les moyens d'une critique serrée de leur époque. Bien des auteurs en avaient autant auparavant, bien d'autres l'ont encore fait après. [...]
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