Le Roman Comique de Scarron est une œuvre pleine de vie et de légèreté. Cette remarque peut paraître assez étonnante lorsqu'on sait que son auteur souffrait d'une paralysie mais il faut bien savoir que c'était un homme littéraire très fécond et très gai malgré son handicap. De plus, son roman participe à l'avancée du genre romanesque au XVIIème siècle. L'éditeur récent du Roman Comique Jean Serroy écrit que « ce roman de la plaisanterie est d'abord un roman de l'intelligence. » On peut alors se demander si la phrase quelque peu élogieuse de cet homme concernant l'œuvre qu'il a décidé d'éditer reflète bien la réalité du roman de Scarron. Ainsi, nous allons voir dans quelles mesures le titre illustre bien certaines facettes du roman tout en étudiant dans un deuxième temps le fait que nous ayons affaire à un roman de l'intelligence. Mais nous nous pencherons également sur l'aspect poétique de cette œuvre, particularité du Roman Comique absente dans la citation de Jean Serroy.
[...] Ainsi, on trouve dans Le Roman Comique des traits du roman policier ou du roman d'éducation. Mais Scarron est en même temps polémique. Il se moque des autres romans en nous offrant un comique de l'allusion, de la parodie, de la satire littéraire. Il brise la convention romanesque à chaque chapitre à l'aide de ses interventions d'auteur. Ce procédé comique de démystification de l'écriture romanesque sera ensuite repris par de nombreux auteurs tels que Furetière dans le Roman Bourgeois en 1666, Diderot dans Jacques le Fataliste en 1773 ou encore Sterne avec Vie et œuvre de Tristram Shandy dans les années 1760-1767. [...]
[...] Dans ces récits, Scarron change de ton. Il devient légèrement désenchanté, proche de la comédie. Il n'y a pas de burlesque mais ces récits sont toujours réalistes. Quatre nouvelles espagnoles sont également insérées. Le ton change alors radicalement puisqu'elles sont romanesques. Toute cette mobilité narrative a été rattachée à l'esthétique baroque. Les digressions et les récits intercalés ont ici un rôle qui n'est pas le même que dans les romans héroïques puisque les relations qu'ils entretiennent avec le récit principal peuvent être explicatives, thématiques, ou nulles. [...]
[...] En fait, l'auteur refuse le romanesque traditionnel. Il écrit pour rendre les grands romans illisibles. Le Roman Comique est donc un texte provocateur présentant des êtres humbles au bas de l'échelle sociale, qui se veut comique et même trivial. Scarron veut écrire un roman réaliste, c'est pourquoi il nous montre le monde des tripots, des auberges Même les animaux qu'il présente ne sont pas nobles comme le chien par exemple. Mais Scarron refuse tout de même la vulgarité. Il reste donc dans le trivial léger. [...]
[...] C'est ainsi que Scarron nous offre un roman novateur où, pour la première fois, réalité et romanesque coexistent, voire même se répondent. Pour cela, l'auteur a exercé un travail complexe sur la construction de son oeuvre et c'est ce que nous allons voir maintenant. En effet, le Roman Comique est composé d'une variété des types de narration. Pour être plus exact, elle en possède de trois. L'intrigue centrale raconte la vie des comédiens ainsi que leurs rapports avec les gens de la ville. [...]
[...] Il doit donner une illusion du réel, mais pas en faire une copie. Le monde romanesque devient donc un monde en soi, qui n'existe pas, mais qui pourrait très bien exister. Le roman prend alors la forme d'un monde des possibles. Tous ces éléments déroutent le lecteur en le sortant des codes connus. L'œuvre apparaît alors comme un désordre et l'intrigue semble embrouillée. Il y a une grande variation du jugement collectif sur le Roman Comique. On le dit souvent mal composé car Scarron s'abandonne à son inspiration. [...]
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