Dans Essais sur le roman (1964), Michel Butor écrit : « Dans le roman, ce que l'on nous raconte, c'est toujours aussi quelqu'un qui se raconte et nous raconte. » En s'appuyant sur cette affirmation, on peut dégager le rôle de l'auteur et du lecteur dans l'œuvre littéraire et plus particulièrement le roman.
Si Michel Butor écrit que « dans le roman, ce que l'on nous raconte, c'est toujours aussi quelqu'un qui se raconte et nous raconte. », c'est qu'au-delà du récit, en profondeur, le roman serait pour le romancier moyen de se dire par le biais d'autoportraits, confidences ou confessions, et pour le lecteur, moyen de se reconnaître : « Madame Bovary, c'est moi » dit Flaubert, c'est nous, dit le lecteur. Tout d'abord, l'introspection dans un roman se retrouve par le fait que l'auteur participe à l'intégrité de son œuvre, les personnages permettent de développer une psychologie et ainsi le lecteur est en quelque sortes « raconté » : le roman devient lieu de l'expérience intérieure, de l'identité, de l'universel. Ensuite, « ce qu'on nous raconte » n'est pas purement intérieur, ce qui provoque des problèmes et des limites. Donc, ce n'est pas tant le contenu intime que la manière de raconter sur laquelle il faut insister.
[...] Devenir lecteur de soi-même ne signifie pas uniquement reconnaissance mais peut signifier découverte révélation L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument d'optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n'eût peut-être pas vu en soi-même écrit Proust dans le Temps retrouvé. C'est le va-et-vient du même à l'autre, de l'autre au même auquel nous initie cette diction romanesque particulière dont parle Butor, à la manière d'un dialogue intérieur. Le roman par l'investissement de son auteur et la complexité des personnages actionne donc une complexité avec le lecteur. De plus, l'intégrité du roman ne se fait pas uniquement par son contenu mais surtout pas la manière dont il est raconté. [...]
[...] Aux yeux de certains romanciers comme Flaubert ou Proust, l'œuvre passe avant tout : pudeur, devoir de réserve, tout doit céder devant la création littéraire. Certains ont même joué avec les limites du genre. Céline par exemple, dans Casse-pipe ou d'un château l'autre jongle entre roman et autobiographie : il faut accoler le nom des deux genres, qu'il (=Céline) associe sans les confondre ( ) le premier en l'écrivant en tête de ses récits, le second en laissant au jeu des désignations, des indices, des références à une réalité connue du public, le soin de l'imposer. [...]
[...] Dans le roman, ce que l'on nous raconte, c'est toujours aussi quelqu'un qui se raconte et nous raconte. Dans Essais sur le roman (1964), Michel Butor écrit : Dans le roman, ce que l'on nous raconte, c'est toujours aussi quelqu'un qui se raconte et nous raconte. En s'appuyant sur cette affirmation, on peut dégager le rôle de l'auteur et du lecteur dans l'œuvre littéraire et plus particulièrement le roman. Si Michel Butor écrit que dans le roman, ce que l'on nous raconte, c'est toujours aussi quelqu'un qui se raconte et nous raconte. [...]
[...] L'imparfait de Flaubert si nouveau dans la littérature est pour Proust, ce qui change entièrement l'aspect des choses et des êtres ».C'est cet imparfait, entre autres qui fait que Flaubert est le grand romancier de l'inaction, de l'ennui, de l'immobile J. Rousset Personnages et points de vue Un personnage est un moi travaillé par l'imagination. Julien Sorel et Fabrice Del Dongo ressemblent certes à Stendhal, mais ces personnages sont aussi autres que lui : ils constituent des métamorphoses de Stendhal et de nous-mêmes. [...]
[...] Le récit romanesque est l'occasion, pour son auteur d'agencer des ego expérimentaux selon la formule de Milan Kundera. Même affirmation avec Proust, dans La Prisonnière. : Il est possible que les créateurs soient tentés par certaines formes de vie qu'ils n'ont pas personnellement éprouvées En vérité, cette impression dont parle Butorselon laquelle il y a toujours quelqu'un qui se raconte »est aussi liée à l'infinie souplesse des modes narratifs romanesques. 3/Lire un roman : complicité, révélation Lire un roman est donc toujours partager une forme de complicité, familiarité avec la voix qui raconte : grâce à son unité de son, sa tendre et indulgente ironie envers ses héros (mais féroce envers les âmes viles en revanche) le Rouge et le Noir permet de pénétrer dans un autre monde, changer d'univers faire une expérience de l'altérité et de la proximité à la fois. [...]
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