Les Nouvelles de Pétersbourg constituent un moment charnière dans l'œuvre littéraire de Gogol, leur action se déroulant dans cette ville - où elle furent d'ailleurs composées. Publié en 1834, « Le Portrait » appartient à ce recueil et sera par la suite inséré parmi les « Arabesques » dans l'édition des Oeuvres Complètes de Gogol. Ce récit occupe une place centrale dans les nouvelles puisqu'il annonce métaphoriquement : l'art est corrupteur, il est l'œuvre du diable. En effet, Gogol - écrivain au mysticisme exacerbé - est terrifié par la possession diabolique dont il se croit la victime. Son obsession omniprésente de la perfection artistique le pousse aux frontières de la démence. L'histoire de Tchartkov – peintre tourmenté possesseur d'un tableau maléfique – semble être le miroir des vieux démons de l'auteur. Les nouvelles suivent le même schéma : un élément bouleverse le quotidien répétitif du personnage, et celui-ci sombre dans la monomanie. Dans « Le Portrait », Tchartkov souffre d'obsessions et s'investit intégralement dans la poursuite de la gloire et du talent ; qu'il croit obtenir mais fini par perdre. Le personnage ne survit pas à la perte de sa sensibilité artistique, qui se révèle essentielle pour lui. Il sombre dans la folie qui le conduit à la mort. Ainsi, en quoi l'impossibilité de créer de Tchartkov – due à son obsession pour l'argent et la gloire – le conduit-elle à la démence ? Le peintre éprouve le besoin d'une échappatoire onirique, du fait de sa condition misérable. Il sombre alors dans une véritable obsession de richesse et de gloire qui cause la perte de son talent. C'est la réalisation de l'échec irrémédiable de sa vie qui conduit Tchartkov à la démence.
[...] En effet, Tchartkov envie sans cesse la condition opposée à la sienne qu'il soit pauvre ou riche. Lorsqu'il est un peintre démuni, il éprouve de la jalousie envers ceux qui n'ont aucun talent artistique, et qui pourtant font sensation et accumulent de l'argent. A l'inverse, une fois qu'il atteint la fortune - qu'il désirait au détriment de son talent Tchartkov envie de façon diabolique ceux qui possèdent le génie artistique à force de travail. En effet, le problème crucial de la littérature de Gogol est celui de la nature du diable, qui se révèle ici dans l'humiliation et le péché d'envie. [...]
[...] Gogol, quant à lui, s'oriente soudain vers la religion au point de se rendre presque impossible l'accès à la littérature. En effet, il est persuadé que c'est en littérature qu'[il commis [ses] plus grands péchés ; considérant son pouvoir créateur comme dangereux. [...]
[...] Selon lui, la peinture ne doit représenter que des sujets nobles lisses et polis. De même, la première cliente du peintre exige que le portrait de sa fille ( ) soit aussi simple que possible ! : Je voudrais qu'elle soit vêtue simplement et assise à l'ombre d'un arbre, au milieu de quelque pré, avec au loin des troupeaux ou un bois Cette conception de la peinture s'oppose à ce que Tchartkov avait entrepris d'étudier jusqu'alors. En effet, il se concentrait auparavant sur l'imitation de la réalité, sans l'anoblir - en peignant le désordre et la crasse de sa chambre, ou son domestique. [...]
[...] L'histoire de Tchartkov peintre tourmenté possesseur d'un tableau maléfique semble être le miroir des vieux démons de l'auteur. Les nouvelles suivent le même schéma : un élément bouleverse le quotidien répétitif du personnage, et celui-ci sombre dans la monomanie. Dans Le Portrait Tchartkov souffre d'obsessions et s'investit intégralement dans la poursuite de la gloire et du talent ; qu'il croit obtenir mais finit par perdre. Le personnage ne survit pas à la perte de sa sensibilité artistique, qui se révèle essentielle pour lui. Il sombre dans la folie qui le conduit à la mort. [...]
[...] La peinture n'éveille plus ses sentiments ; et même la gloire ne le satisfait plus finalement car elle n'est pas méritée. Il prend conscience de son échec artistique lorsqu'il se retrouve confronté à l'œuvre de son camarade, inspirée par Dieu. Tchartkov éprouve un regret immense face à la réalisation du gâchis de son potentiel. Il tente de rattraper le temps perdu, et rejette tout ce qu'il est devenu en se débarrassant de ses tableaux. Il veut se remettre au travail mais il est trop tard. [...]
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