Rôle, lettres, romans, les souffrances du jeune Werther, Goethe, Adolphe, Benjamin Constant
«Tu prendras garde aux souffrances du cher jeune homme que je présente. Nous avons cheminé côte à côte pendant six années environ sans nous rapprocher. Et maintenant, j'ai prêté à son histoire mes sentiments et cela fait un ensemble étonnant.» Tel était les propos de Goethe au sujet des Souffrances du jeune Werther dans une lettre adressée à Lavater en 1774. Fortement inspiré de la Nouvelle Héloise de Rousseau, Goethe nous raconte sous forme épistolaire l'histoire dramatique de son héros songeur. Constant présentera quelques dizaines d'années plus tard son héros Wertherien Adolphe, qui suivra les mêmes codes laissés par Goethe tout en conservant une certaine originalité. Constant et Goethe, deux auteurs d'époque différente, ont tous les deux opté pour ce que l'on appelle un «roman à lettre». L'oeuvre de Werther en est une succession, et celle de Constant forme la trame dramatique.
[...] L'éditeur a trouvé par hasard dans une auberge, une cassette comportant à l'intérieur «beaucoup de lettres fort anciennes sans adresses dont les adresses et les signatures étaient effacées, un portait de femme et un cahier contenant l'anecdote ou l'histoire qu'on va lire» L'éditeur nous annonce clairement que le roman va être sous une forme épistolaire. Les lettres forment le roman, et ces lettres appartiennent au roman puisqu'elles sont échangées entre Adolphe et Ellénore. Le narrateur va s'analyser tout au long du roman, et les lettres servent à relancer l'action. [...]
[...] Le lecteur lit tel quel les souffrances de Werther. Mais ces lettres n'ont pas constamment la même structure. On passe souvent de la réflexion au dialogue. Adolphe et Werther préfèrent tous les deux la lettre au dialogue. Lorsque la mort les touchera, la lettre sera leur dernier lien avec l'héroïne. Adolphe trouvera une lettre expliquant les raisons du mal d'Ellénore. Werther lui, laissera à Charlotte une lettre de suicide. Werther a commencé à écrire cette lettre le 21 Décembre, et elle sera remise à Charlotte après la mort du héros. [...]
[...] Le lecteur vit ses angoisses, ses interrogations, ses souffrances. Le schéma des lettres reste le même. Nous avons une présentation. Puis la rencontre amoureuse et le coup de foudre. Les deux héros tentent alors d'exprimer leurs sentiments. Adolphe échoue dans un premier temps, puis réussit à charmer Ellénore. Werther, quant à lui, n'arrivera jamais à vivre son amour avec Charlotte. C'est peut être l'unique différence. Car si l'un a décroché l'amour et l'autre non, une période de souffrance finit par les affecter tous les deux. [...]
[...] Les lettres ont été d'une importance capitale pour l'écriture des Souffrances du jeune Werther. Ce roman est donc écrit sous la forme d'une série de lettres de Werther à un de ses amis nommé Wilhelm. Ces lettres s'étalent sur une période d'environ dix-huit mois, et Goethe a opté pour une précision dans le temps puisque chacune des lettres est datée. Ceci permet au lecteur de se repérer parfaitement dans ce drame, et de constater les évolutions du personnage de Werther. [...]
[...] Le roman de Goethe est en grande partie autobiographique. En effet, Goethe s'est inspiré d'un épisode marquant de sa vie. Dans sa jeunesse, il fera la connaissance, lors d'un bal, de Charlotte Buff, surnommée «Lotte». Il tombera amoureux de cette femme, et il apprendra trop tard que Charlotte est déjà fiancée à un certain Kestner. Une immense déception pour Goethe qui ne se laisse néanmoins pas affaiblir par la nouvelle, et décide de se faire ami du couple. Un jeu quelque peu dangereux. [...]
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