La « geste » implique, d'une part, l'acte du corps, de l'autre, l'acte de parole. Du haut fait à son reflet, plusieurs métamorphoses sont possibles, selon le talent (l'intention) du conteur : la geste peut désigner, indifféremment, l'épopée, l'histoire ou la chronique. Du point de vue de la matière, on peut chanter trois types de gestes, comme l'assure, vers 1180, Bertrand de Bar-sur-Aube dans l'ouverture du poème épique Girart de Vienne : la première est « la plus seignorie » et traite des rois de France, la seconde est dédiée au lignage de Doon de Mayence, auquel appartient Ganelon , la « tierce » raconte les chevaleries de Garin de Montglanne et de ses quatre fils.
Autour des faits et des familles se profilent des émotions royales, déloyales, loyales (dans cet ordre et selon ces critères). Entre la génération héroïque et le genre épique, la geste est un trésor de légendes— à lire et à sentir. Charlemagne étant roi, il a la grâce divine ; c'est par rapport à lui que l'on juge du talent plus ou moins moral des autres. D'un côté, les bons, de l'autre, les mauvais : tous, fiers héros de chansons.
La Chanson de Roland chante la dernière « geste » d'un chevalier ardent : le neveu de Charlemagne. Elle fait partie du cycle royal, et s'inscrit sous le signe d'un certain Turoldus, auteur, chanteur ou copiste du récit : « Ci falt la geste que Turoldul declinet » . L'histoire se présente comme témoignage historique.
[...] GUIETTE pour la lyrique courtoise dans son ensemble, D'une poésie formelle en France au Moyen Age, Paris p J. Ch. PAYEN, Le Moyen Age, I., Paris chapitre La poésie lyrique p Ch. BALADIER, Erôs au Moyen Age. Amour, désir et délectation morose, Paris p Sur la quasi-disparition de l'imagerie érotique dans la lyrique du nord, voir TOUBER, op.cit., p Gace Brulé, Au renoviau de la douçor d'esté, E. Baumgartner et F. Ferrand (éds.), Poèmes d'amour des XIIe et des XIIIe siècles, Paris p Gace Brulé, Desconfortez, plains de dolor, ibid., p Loc.cit. [...]
[...] La femme est vue, quant à elle, comme une force transformatrice : Bramidoine devient Julienne, la reine païenne, une captive chrétienne. De part et d'autre, les modèles de talent sont divers. Tout commence et finit par l'image du roi victorieux. Charlemagne sait maîtriser longuement ses émotions, et en est admiré : quand il doit prendre une décision, Li empereres tent ses mains vers Deu, / Baisset sun chef, si cumencet a penser Il continue dans la laisse suivante, d'un self-control exemplaire. [...]
[...] Le talent de Marcabru est celui de losengier. Il traque partout la vergoingna perduda et se plaît à la débusquer chez les drutz mariés[44][44]. Les allusions touchent à des espaces précis, sans stigmatiser des faces particulières : En Castelh' et en Portegal/ Non trametrai autres salutz,/ Mas Dieus los sal!/ Et en Barcelos 'atretal/ Puois lo Peitavis m'es failhitz/ Et neis la valor son perdutz[45][45] Sa vida le présente en maldizens et précise qu'il est redouté per sa lenga[46][46] Aucune femme ne se montre à sa hauteur ; il ne s'associe de bon gré qu'à Marcabruna, et à la faillite amoureuse : Marcabrús, fiilhs Marcabruna, / Fo engenratz en tal luna/ Qu'el sap d'Amor cum degruna, / --Escutatz Quez anc non amèt neguna, / Ni d'autra non fo amatz[47][47] On disait au Moyen Age, et on dit encore aujourd'hui, que Marcabru ditz mal de las femnas e d'amor[48][48]» ; aussi passe-t-il pour un amant discourtois. [...]
[...] et trad.), Les vies des troubadours, Paris p Guillaume IX d'Aquitaine, Ben vuelh que sapchon li pluzor, op.cit., p Cette promotion est aussi une évolution, dans la mesure où le je lyrique retrace le passage d'une érotique grossière (‘gauloise') à une autre, plus idéalisée, déjà courtoise par endroits Constantin Pavel, Genres et techniques littéraires dans la France médiévale, Iasi, Demiurg p Voir aussi Anca-Maria Rusu, La Poésie française du Moyen Age, Iasi, Timpul Jaufré Rudel, Lanquan li jorn son lonc en may, A. JEANROY (éd. et trad.), Les Chansons de Jaufré Rudel, Paris p (http://www.trobar.org/troubadours/jaufre_rudel/jaufre_rudel_05.php) Jaufré Rudel, op.cit., p M. EGAN (éd. et trad.), op.cit., p Certaines voix affirment qu'il s'agirait de la comtesse de Die ; voir les Notes du poème Amics, en gran cossirier, de Raimbaut d'Orange, P. BEC (éd. et trad.), Anthologie des troubadours, Paris p Raimbaut d'Orange, op.cit., p Loc.cit. [...]
[...] Gace Brulé, Ne me sont pas ocheson de chanter, G. Huet (éd.), Chansons de Gace Brulé, Paris p Le Châtelain de Coucy, A vos, Amors, plus q'a nule autre gent, A. Mary (éd.), Anthologie poétique française. Moyen Age Paris p. 206.( http://www.youtube.com/watch?v=umy86E5YxHQ&feature=related) Loc.cit. Les éditeurs modernes ont beau affirmer que rien n'autorise à prêter au chansonnier les aventures arrivées à l'amant de la dame de Faïel ibid., p ; au XIIIe siècle français, le nom du châtelain de Coucy charriait, grâce à Jakemes, la rumeur devenue roman. [...]
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