C'est à la demande de la Reine Elisabeth 1ère que Shakespeare écrivit en 1602, et en moins de deux semaines, Les Joyeuses commères de Windsor, une comédie qui met en scène le personnage de Falstaff, déjà présent dans sa pièce historique Henri IV, écrite en 1597, mais qui cette fois-ci est au cœur d'une intrigue amoureuse.
Cette comédie s'articule autour de différentes intrigues et complots où la tromperie devient source du rire. Shakespeare y reprend les genres typiques de la comédie tout en se les appropriant. Ce qui nous amène à nous demander comment Shakespeare joue avec les constructions traditionnelles de la farce afin d'y amener une dimension nouvelle véhiculée par le rire.
Nous verrons dans un premier temps que Les Joyeuses Commères de Windsor s'inscrit dans la tradition comique en reprenant des genres typiques de la comédie comme celui de la farce mais fait preuve également d'une certaine modernité. Puis, nous nous attacherons à déterminer en quoi cette pièce devient le théâtre d'un véritable monde de dupes. Enfin, nous étudierons, dans une troisième partie, la nature du rire qui s'insinue tout au long de cette pièce.
[...] Une mise en abime de la comédie Nous pouvons voir qu'à l'intérieur de cette comédie se joue une véritable pièce de théâtre. En effet, comme s'ils devaient jouer eux-mêmes une pièce, les personnages, à l'intérieur de l'histoire, vont jouer d'autres rôles que les leurs, en se travestissant. Dans l'Acte II, scène M. Ford se déguise et se fait passer pour M. Fontaine auprès de Falstaff. Dans l'Acte IV, scène c'est Falstaff lui-même qui se retrouve déguisé en femme afin de se faire passer pour la vieille de Brentford, la tante de la chambrière de Mme Ford. [...]
[...] C'est elle, également, qui s'occupe des prétendants d'Anne Page en leur promettant de parler d'eux à la jeune fille. Le curé Evans dit d'elle c'est une femme qui connaît beaucoup mistress Anne Page ; et la lettre est pour lui demander et la prier d'appuyer la demande de votre maître (le docteur Caïus) auprès de mistress Page Acte scène 2. Pourtant, celle-ci deviendra également l'objet des rires, ceux des spectateurs, quand le curé vient donner une leçon de latin à William Page. [...]
[...] Aussi vont-elles confronter les lettres au début de l'acte II et décider de se jouer de lui à leur tour Vengeons- nous de lui Oui, je consentirai à lui jouer les plus méchants tours Acte II, scène 1. Ainsi Falstaff, qui croit tromper les autres va bien vite se faire avoir lui aussi. En effet, après les femmes, c'est au tour de M. Ford de se jouer de lui en lui apparaissant sous une autre identité afin de lui faire avouer les éventuels rendez-vous qu'il aurait avec sa femme je veux éclaircir ceci ; et je me déguiserai pour sonder Falstaff dit-il à M. [...]
[...] En effet on y trouve des éléments hérités de la tradition gréco-latine, mais on peut voir également que la farce y côtoie le grotesque. Shakespeare est moderne, car il ne se contente pas de reprendre des types, mais il les adapte en jouant avec les règles classiques, en inversant les situations traditionnelles typées des comédies latines, car dans cette pièce ce sont les femmes qui incarnent les personnages importants. Qui plus est il ajoute une morale à sa farce, habituellement celle-ci n'apportait jamais de discours moraux, mais n'avait qu'une fonction, faire rire les spectateurs. [...]
[...] On le voit dans les propos de Mme Page Que des Epouses peuvent être Joyeuses en restant vertueuses. Nous ne faisons pas le mal, nous qui souvent rions et plaisantons Acte IV, scène 2. Cet aspect- là de la pièce est annoncé dès le titre de la comédie : Les Joyeuses Commères de Windsor Ce n'est pas par hasard que ce soient elles qui soient évoquées dans le titre et non Falstaff, qui est pourtant le personnage central de cette pièce. [...]
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