Richard II, Shakespeare, notion de théâtralité, dramaturgie, Erving Goffman, subjectivité, lyrisme, instabilité, idéalisation du soi, narcissisme
Dans une citation célèbre, Shakespeare explique que la vie est une pièce de théâtre et que Dieu est le metteur en scène. De fait, tout serait prédéfini dans la vie, et la vie de l'Homme serait conditionnée dès la naissance au même titre que dans l'imagination du dramaturge. On peut relier ce thème à l'ouvrage du sociologue Erving Goffman dans "La mise en scène de la vie quotidienne" qui étudié l'application quotidienne de la théâtralité dans des situations communes.
[...] Il commence à voir qu'il n'est qu'un signifiant vide, dépendant d'autres signifiants vides pour tout sentiment d'identité, dès la scène du Pays de Galles. Pourtant, c'est peut-être dans la scène celle de la déposition, que Richard prend le plus pleinement conscience de sa situation. Là, il se produit avec toute la ferveur qu'il avait auparavant, mais reçoit une réponse entièrement différente, et il reconnaît le changement de situation lorsqu'il dit : « God save the King Personne ne dira amen ? /Suis-je à la fois prêtre et clerc ? Eh bien, amen ». [...]
[...] D'un point de vue goffmanien, la situation de Richard est notre situation. En tant que roi, il croit être un signifiant stable et chargé de sens, alors qu'il n'est qu'un signe variable sans substance ultime propre ; il croit parler le discours de l'autorité gouvernementale, religieuse et sociale, alors ce discours le fait. De même, nous nous concevons « comme des individus libres, unifiés, autonomes, autogénérateurs », alors que nous ne sommes une fois que « la fonction “décentrée” de plusieurs déterminants sociaux ». [...]
[...] Richard II est précisément un narcissique dans ce moule. Il met en scène des performances très théâtrales, dans lesquelles le langage est un accessoire intégral, pour se donner une position définie dans la réalité, pour se percevoir à travers les autres. Pourquoi un roi, pourrait-on se demander, aurait-il besoin d'agir ainsi ? Le souverain devrait être sûr de son identité. Pourtant, le monde de Richard est de plus en plus ambigu, comme Shakespeare se donne beaucoup de mal pour le montrer : avec la disparition de l'absolutisme médiéval et du droit divin des rois, les apparences et les réalités, les signifiants et leurs signifiés ne s'harmonisent pas. [...]
[...] Le public reconnaît, avec Shakespeare, et avec Richard lui-même dans une certaine mesure, que ce roi a toujours été une série de gestes, soit ceux qui appartiennent à sa fonction sociale, soit, comme maintenant, ceux qui découlent de sa propre dramatisation de la perte de cette fonction. Et il a également été une série de réponses d'autres personnes, qui, comme des miroirs, lui ont permis de voir refléter par eux le succès de sa performance. Cette prise de conscience est accentuée lorsque Richard demande un miroir à Bolingbroke. [...]
[...] Richard II - Shakespeare (1595) - Dans quelle mesure la notion de théâtralité s'inscrit-elle dans cette oeuvre ? Dans une citation célèbre, Shakespeare explique que la vie est une pièce de théâtre et que Dieu est le metteur en scène. De fait, tout serait prédéfini dans la vie, et la vie de l'Homme serait conditionnée dès la naissance au même titre que dans l'imagination du dramaturge. On peut relier ce thème à l'ouvrage du sociologue Erving Goffman dans La mise en scène de la vie quotidienne qui étudié l'application quotidienne de la théâtralité dans des situations communes. [...]
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