La poésie est un genre codifié qui à la différence du genre « lawless » qu'est le roman tel que le qualifiait André Gide dans les Faux monnayeurs. L'inspiration du poète est donc soumise à des règles strictes définies à l'âge classique, participant à la noblesse du genre et au mérite de son artisan. Loin de voir dans l'obéissance aux codifications de l'art poétique une entrave à la liberté du poète, Queneau écrit « Le classique qui écrit en observant un certain nombre de règles qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore ». La rhétorique classique devient alors la terre d'accueil de l'imagination du poète, elle libère son art et le sublime. A cette conception classique de la poésie, Queneau oppose les poètes modernes, derrière qui, se dessine la figure des deux précurseurs : Baudelaire et Rimbaud. Il leur reproche le rôle dévolu au hasard. Le poète, sous couvert d'être libéré des contraintes rhétoriques, devient l'esclave se son propre inconscient, nouvelle terre d'accueil de l'inspiration poétique. Redonnant aux règles classiques toute leur justification, Queneau rétablit la liberté du créateur dont les règles subliment son art.
Mais devons-nous pour autant réduire l'art du poète à sa simple obéissance aux codes qui fondent l'art poétique ? Si le poète est un artiste libre dans les règles et esclave dans sa liberté, une trop grande priorité donnée aux règles risquerait de réduire le champ des possibles de la poésie. Aussi faut-il voir dans la contrainte poétique le lieu de la naissance de la création artistique.
[...] La rhétorique, un frein à la création poétique ? La poésie est un genre codifié qui à la différence du genre lawless qu'est le roman tel que le qualifiait André Gide dans les Faux monnayeurs. L'inspiration du poète est donc soumise à des règles strictes définies à l'âge classique, participant à la noblesse du genre et au mérite de son artisan. Loin de voir dans l'obéissance aux codifications de l'art poétique une entrave à la liberté du poète, Queneau écrit Le classique qui écrit en observant un certain nombre de règles qu'il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore La rhétorique classique devient alors la terre d'accueil de l'imagination du poète, elle libère son art et le sublime. [...]
[...] A la parfaite construction de la toile fait écho la rigueur de l'élaboration du poème comme le sonnet. L'araignée n'est donc plus seulement signifiée mais signifiant. Par le pouvoir de son art, le poète confère aux mots une nouvelle dimension. En ce sens, Ponge rejoint la théorie de Sartre exposée dans Qu'est-ce que la littérature ? A la différence de la prose, les mots dans la poésie ne sont pas réduits à leur sens mais deviennent des images du monde. Le poète confère un nouveau statut aux mots, il les dote d'une condition plus noble. [...]
[...] Le moi qui écrit n'est pas le moi qui vit. En s'arrachant à lui- même, le poète parvient à une meilleure exploration de son être. Il fait naître d'autres réalités poétiques. Dans son recueil les Fleurs du mal, il explorera à son tour le champ des possibles de la poésie. Réfutant le présupposé comme quoi le choix des sujets ferait la noblesse de la poésie avec le poème une charogne il prouve à quel point le langage poétique permet de sublimer la nature. [...]
[...] Cette conception du poète humain s'oppose à celle des modernes où la poésie transpire de la déception et du malheur de ces poètes conscients de l'échec dans leur mission. Ainsi Baudelaire prend conscience de la faillite de son art poétique à rendre compte de la beauté absolue dont il se fait le transcripteur. Dans les Bienfaits de la lune, le titre hautement ironique, le poète constate que sa médiocrité humaine, son regard déformant ne sera jamais à même de rendre compte de l'objet de sa quête. Il est porteur d'une mission supérieure impossible. Aussi est-ce pourquoi, le poète classique privilégiera-t-il une poésie humaine, c'est-à-dire universelle. [...]
[...] Son esprit se libère dans la contrainte. Ainsi Queneau s'amuse-t-il avec cette forme poétique en explorant les possibles de la structure dans Cent mille milliards de poèmes. La codification loin d'entraver l'imagination du poète la sollicite et la fait rayonner de toutes ses possibilités. De même, Sponde dans son essai sur quelques poèmes chrétiens, révèle les pouvoirs de signification de la forme. Jouant sur une lecture à la fois verticale et horizontale, le poète figure le chaos du monde terrestre dont les tentations telles que la chair, la mondanité et Lucifer n'obéissent jamais dans le sonnet à une régularité. [...]
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