Voyage au bout de la Nuit est le récit de toutes les horreurs, de toutes les déceptions et de toutes les angoisses. Céline possède mille et une manières de faire pénétrer le lecteur dans son univers nocturne, tantôt par les événements qui viennent hanter le parcours de Ferdinand, par le langage oral de la narration ou la psychologie paradoxale du personnage (qui oscille entre vulgarité et sensibilité, entre cynisme et naïveté). La justesse du travail d'écriture de l'auteur nous fait prendre conscience de quelques parcelles d'une facette de l'existence de laquelle on détourne trop souvent les yeux: les forces obscures, les pulsions et les contradictions qui font de chaque être une bombe à retardement.
La vie de Ferdinand Bardamu, personnage principal du roman, est montrée comme un cycle sans fin d'événements malheureux, parsemé de quelques occasions de bonheur qu'il détruit aussitôt. Les grandes époques de sa vie (la guerre, l'Afrique, l'Amérique, la médecine...) témoignent le plus souvent d'une immense détresse, d'une peur face à la vie, qui l'empêche de risquer une quelconque réussite.
[...] Représentations de la souffrance de Ferdinand Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de L.-F. Céline Comment la souffrance de Ferdinand est-elle représentée dans le roman? Voyage au bout de la Nuit est le récit de toutes les horreurs, de toutes les déceptions et de toutes les angoisses. Céline possède mille et une manières de faire pénétrer le lecteur dans son univers nocturne, tantôt par les événements qui viennent hanter le parcours de Ferdinand, par le langage oral de la narration ou la psychologie paradoxale du personnage (qui oscille entre vulgarité et sensibilité, entre cynisme et naïveté). [...]
[...] Jamais qui que ce soit (à commencer par ses parents) ne lui a en effet transmis d'héritage, ne lui a fait une place au cours de sa vie. Personne ne l'a jamais aimé. Il n'a pas appris à le faire, ni à être, à exister, à vouloir. Chaque fois qu'il pressent qu'il devient, ou pourrait devenir, quelqu'un, il sabote inévitablement la situation pour se camper dans sa misère, qui le rassure tout en le meurtrissant. Il fuit la guerre (où il avait une chance de se faire un nom, d'épouser une cause) et l'Afrique, puis quitte Molly alors que leur bonheur était possible: "Je l'aimais bien, sûrement, mais j'aimais encore mieux mon vice, cette envie de m'enfuir de partout . [...]
[...] rend compte du reflet cauchemardesque de cette face cachée de notre nature. Mais ce cri était et reste nécessaire pour exorciser un peu de la tragédie de notre existence, puisque, comme le dit lui-même Ferdinand, "Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n'a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire." Pagination de l'édition en Livre de Poche (1952). [...]
[...] L'innocence de l'enfant (qu'il a vite perdue) reste la seule chose qui éveille en Ferdinand un peu de compassion. De là son engagement envers Bébert, symbole de son enfance à lui, pénible et misérable. La mort du bambin, petit bout d'espoir auquel il s'accrochait, est donc associée à l'échec de sa propre enfance, ainsi qu'à son entrée définitive dans le monde adulte. Il se trouve de fait forcé de mesurer les conséquences de cette "re-responsabilisation" que représente la décision de sauver Bébert. [...]
[...] " (p.162) et l'abject: lui découvre le trou de sa femme d'où suintent des caillots et puis des glouglous [ . ] Elle qui gémit comme un gros chien qu'aurait passé sous une auto." (p.301) L'atmosphère de déchéance qui enveloppe tout le roman est appuyée par une syntaxe saccadée, souvent essoufflée et désordonnée qui laisse entendre les pensées angoissantes et morbides de Ferdinand: "Après cela, il n'y eut plus que nos voix à nous, entre, nous, et tout ce qu'elles ont toujours eu l'air d'être tout près de dire les voix et ne disent jamais." (p.293) Le langage de la narration rend de plus compte, avec une simplicité qui en décuple l'effet, des choses d'un monde " . [...]
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