Le grand-père de Laclos, en achetant une charge de secrétaire du roi, est anobli comme écuyer. Le père, « officier royal » à son tour, se marie dans le même milieu. Pierre Ambroise Choderlos de Laclos est né à Amiens en 1741. Il résidera à Paris à partir de l'âge de 10 ans. Nous n'avons aucun renseignement sur l'enfance et les premières études de Laclos.
Depuis 1756, la guerre dite « de sept ans » peut ouvrir des espoirs de carrière militaire. Pas assez noble (simple écuyer) pour briguer un emploi dans la cavalerie, Laclos entre en 1759 à l'école d'artillerie de La Fère, corps technique à la stricte discipline militaire. Il s'y exerce aux manœuvres et apprend l'art des fortifications, ce qui implique la science mathématique mais certainement pas la littérature. Laclos semble autodidacte dans ce domaine.
En 1763, le traité de Paris ouvre trente ans de paix. Débute pour Laclos une lente carrière militaire, de garnison en garnison, avec une solde plutôt restreinte (840 livres par an pour un lieutenant). Il profite des congés réguliers (au moins six mois tous les deux ans) pour revenir à Paris. Les villes où il est successivement affecté, Toul, Strasbourg, Grenoble, Besançon ou Valence ont une vie mondaine, culturelle, voire politique à laquelle participent activement les officiers. Ainsi, Laclos peut fréquenter la bonne société provinciale, devenir membre de la franc-maçonnerie ou aller au spectacle. Mais il est sûr qu'il ne fréquente pas vraiment le « grand monde ». C'est Grenoble, ville active de Parlement où il reste six ans, qui lui aurait fourni le modèle mis en scène par Les Liaisons.
[...] Son Epître à Margot (1770), où était implicitement visée la du Barry, favorite de Louis XV, fut en revanche publiée et obtint un succès de scandale. Sans doute le jeune officier, comme semblent en témoigner ses productions galantes, noue-t-il d'éphémères relations plus ou moins amoureuses, mais discrètement et sans scandale. Les rapports officiels apprécient sa sociabilité, ce qui n'interdit pas les aventures féminines, au contraire. Sont aussi louées les compétences de Laclos, dans cette période de modernisation des armées, en ce qui concerne l'artillerie particulièrement. En 1777, recherchant une gloire littéraire plus solide, Laclos publie les 140 alexandrins conventionnels d'une Epître à la mort. [...]
[...] Elles permettent de voir l'auteur des liaisons comme un époux sensible, comme un père soucieux des intérêts de ses enfants. Son rousseauisme est évident. En 1795, Laclos rédige pour le Comité de salut public un long rapport alors non publié, De la guerre et de la paix, sur la situation militaire et sur les objectifs de la Révolution. Il se rapproche de Bonaparte. Il appuie le coup d'État du 18 Brumaire 1799. Bonaparte est alors considéré comme l'homme providentiel qui paraît devoir sauver la révolution contre l'étranger, contre les royalistes et les extrémistes. [...]
[...] Rien de tout cela n'est prouvé, et tant mieux au fond puisque l'œuvre, loin de chercher à susciter les identifications, a fondu ce qui peut avoir été inspiré par des faits réels. Il semble exclu en tout cas que Laclos ait directement exploité une correspondante réelle, comme le suppose par exemple Y. Le Hir pour expliquer la qualité du roman, exceptionnelle par rapport aux autres productions. Les premières lettres du roman ont sans doute été écrites dès 1778 à Besançon. [...]
[...] Après de corrections très minutieuses, la première édition des Liaisons dangereuses paraît en avril 1782, à paris. Neuf rééditions sortiront en quelques mois, sans compter cinq éditions pirates. Au total, de vingt à trente mille exemplaires sont mis sur le marché, ce qui est alors considérable. Le Succès, dû au scandale sans doute, amène aussi dans la critique de véritables interrogations sur les rapports entre littérature et morale, sur le vraisemblable et sur la vérité des peintures de la société, questions qui restent actuelles. [...]
[...] Malgré ses options politiques et la méfiance que lui valent Les Liaisons, Laclos va jouer, même si les détails sont controversés, un rôle non négligeable dans les événements révolutionnaires. Il intrigue d'abord, nous l'avons vu, pour la cause du duc d'Orléans, échafaude pour lui de nombreux projets et doit s'enfuir en Angleterre avec son maître d'octobre 89 à juillet 90. A son retour, il n'est pas moins nommé responsable du Journal des amis de la constitution, jusqu'en juillet 91. Admis à la retraite cette année-là, il semble devoir se consacrer désormais à une carrière politique ou diplomatique. [...]
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