Le totalitarisme ne s'est révélé au monde qu'avec les régimes soviétiques et nazis dans les années 1930. La volonté pour une instance dirigeante de modeler la société selon son idéologie, de faire en sorte que la théorie devienne pratique, n'a eu que peu d'occurrences dans l'histoire ; cette entreprise fut menée à grande échelle seulement par deux régimes. L'expérience de la société totalitaire est donc une expérience peu commune, qui fut limitée dans le temps, et peu de nos contemporains ont vécu dans de telles sociétés. Aujourd'hui, à part éventuellement la Corée du Nord, il n'existe plus de sociétés totalitaires. Les seuls vestiges de ces dernières se trouvent alors dans la littérature, non seulement dans les témoignages des contemporains de ces sociétés totalitaires mais également dans des œuvres de fiction comme 1984 de George Orwell. Mais vestiges d'un temps passé ou œuvres de fiction sans rapport aucun avec la réalité, on pourrait penser que les récits de sociétés totalitaires dans la littérature n'ont qu'un rôle de mémoire ou de projection futuriste catastrophique.
[...] L'un pour dépeindre la société totalitaire nazie et l'autre pour dépeindre la société totalitaire communiste. Loin de n'être utilisé que dans un souci de simplification même si La Ferme des animaux est très souvent étudiée au collège pour introduire le totalitarisme le zoomorphisme approfondit au contraire le récit des sociétés totalitaires. Dans Maus, les juifs sont des souris, les Allemands des chats métaphore relativement explicite les Polonais des porcs, les Français des grenouilles, etc. cela témoigne de la conception de l'auteur des différents participants à la Seconde Guerre mondiale et de leur rôle et pourrait de prime abord paraître donc simpliste, simplificateur et dédramatisant. [...]
[...] L'auteur seul est donc garant de cette expérience et de ses enseignements. C'est pour cette raison que Levi souhaite commenter son œuvre, pour qu'elle soit prise pour ce qu'elle est ; il précise d'ailleurs à de nombreuses reprises dans la préface ce qui l'a poussé à écrire et le but de son œuvre : [ ] fournir des documents pour une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine Le besoin de raconter aux de faire participer les [ ] la violence d'une impulsion immédiate Car au premier abord, l'œuvre de Levi horrifie par les abominations des camps d'extermination ; les maladies, les exécutions sommaires, la sous- nutrition, les travaux forcés sont autant de chocs qui nous empêchent de saisir toute la réflexion de l'auteur sur l'humain. [...]
[...] On pourrait alors considérer la société totalitaire comme la société d'un idéal qui s'est fourvoyée et qui a oublié que les moyens avaient autant d'importance que la fin. S'il est alors évident que la littérature contre-utopique dépeint des sociétés totalitaires ayant prétendument pour but le bien de tous, même une société utopique, présentée comme telle par son auteur, peut également être une société totalitaire. Montrant par là même la fine limite qu'il existe entre sociétés parfaitement organisées en vue du bien et la société totalitaire. [...]
[...] P.314 Pour un plus ample développement, voir la préface de Une Journée d'Ivan Denissovitch de Jean Cathala Levi, Si c'est un homme P.8 Levi, Si c'est un homme P.315 Ibid. P.313 Pour l'interview complète voir http://weeklywire.com/ww/09-27- 99/alibi_feat1.html Orwell, La Ferme des animaux P.151 Préface de Huxley de 1946 Bradbury, Fahrenheit 451 P.96 Ibid. P.101 Pour un développement plus riche de cette notion, voir Danièle Sallenave, Le Don des morts P.85 Ibid. P.86 Huxley, Brave New World P.37 More, Utopia P.113 Ibid. P.203 Drogue apportant le bonheur à celui qui la consomme dans Brave New World. [...]
[...] Mais que penser alors des expériences totalitaires fictives, qui cumulent les manques évoqués précédemment des expériences totalitaires bien réelles du 20ème siècle ? Pas un ne peut se réclamer d'avoir vécu dans des sociétés comme celle de 1984 ou de Fahrenheit 451, si ce n'est éventuellement leurs auteurs respectifs. Et ces récits sont loin de n'être que des récits de science-fiction ; on ne peut pas les nommer de cette manière, on retrouve généralement les termes de dystopies utopies ou encore contre- utopies pour les qualifier. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture