Entre 1939 et 1944, le poète René Char cesse d'écrire. Dès le début de la guerre, il est mobilisé à Nîmes au 173ème régiment d'artillerie lourde. Très tôt, il prend conscience de l'impuissance du simple soldat dans une armée en grande partie défaitiste. Sa fidélité à ses convictions antifascistes le pousse à l'action et à la lucidité. Toute l'attitude, diverse mais toujours continue, de René Char durant la période de l'Occupation tient en ces trois mots, « Affres, détonation, silence », qui sont le titre d'un poème extrait du recueil Le Poème pulvérisé
[...] C'est un refus d'oublier. La plupart des pierres qui l'entourent sont mortes, elles, et n'ont survécu ni à l'événement ni au souvenir. Tout est presque mort, enterré, disparu et René Char est partisan de murer le labyrinthe ; tout, sauf la mort des amis. Les présages se sont assoupis dans le silence des fleurs : le mot silence, dont on sait l'importance qu'il revêt pour René Char, est là. Les allitérations en s renforcent cette évocation du silence et le froissement du vent. [...]
[...] Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d'ouvrir le feu, j'ai répondu non de la tête . Le soleil de juin glissait un froid polaire dans mes os. Il est tombé comme s'il ne distinguait pas ses bourreaux et si léger, il m'a semblé, que le moindre souffle de vent eût dû le soulever de terre. Je n'ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à tout prix. [...]
[...] René Char : étude du poème Affres, détonation, silence Entre 1939 et 1944, le poète René Char cesse d'écrire. Dès le début de la guerre, il est mobilisé à Nîmes au 173ème régiment d'artillerie lourde. Très tôt, il prend conscience de l'impuissance du simple soldat dans une armée en grande partie défaitiste. Sa fidélité à ses convictions antifascistes le pousse à l'action et à la lucidité. Il est d'abord nommé brigadier, puis rapidement désigné au nombre des élèves-officiers pour suivre en juin 1940 les cours de l'école militaire d'artillerie de Poitiers. [...]
[...] C'est également dénoncer, rappeler aux survivants le souvenir vivace de ceux qui sont restés dans le silence des fleurs René Char est un témoin. Mais un témoin délibérément pudique. Il choisit de n'évoquer ni les circonstances ni la mort de Roger Bernard : L'horizon des monstres était trop proche de sa terre note-t-il simplement. L'emploi du terme monstres permet de noter que René Char, ce révolté de naissance, réfractaire à tout grégarisme, était essentiellement antinazi. De ses nombreux écrits de guerre, les mots Allemagne ou Allemands ne seront pour ainsi dire jamais employés. [...]
[...] En septembre 1943, avec le grade de capitaine, il est le chef départemental (Basses-Alpes) de la Section atterrissage parachutage-région 2 et adjoint au chef régional du réseau Action. Les publications littéraires, interrompues en 1939, reprennent en 1944 dans la revue Fontaine et aux Cahiers d'Art1. La Résistance, comme le silence poétique, se terminent donc, et définitivement, à la Libération. La carrière poétique de René Char débute dans les années du surréalisme, dont il est un des acteurs permanents. La fin des années surréalisme correspond au passage d'un état de révolte extrême à une volonté de faire silence face aux circonstances exceptionnelles de la guerre1. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture