La relation entre le Narrateur et sa mère dans : A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust
Dans la Recherche, roman de la procrastination d´une vocation, Proust procède à une recréation du mythe d´OEdipe, tremplin pour l´originalité de son style-vision, fondé sur la métaphore et sur la réminiscence. Lors de la scène oedipienne du baiser nocturne, François le Champi de George Sand _ une histoire d'amour entre une mère et son fils adoptif _ fait sa première apparition en scène et constitue une "mise en abîme" du complexe d'OEdipe du protagoniste-narrateur, qu'il n´hésite pas à transposer de la vie vers l'art. De cette scène du baiser.
[...] Elles racontent sa vie autrement. Savamment découpée dans le récit, inscrite à la meilleure place dans la vaste ouverture qui introduit Swann et les grands thèmes du roman, l'anecdote du baiser du soir n'a pas à y être racontée comme elle s'est passée, mais comme elle doit l'être pour avoir le maximum d'efficacité sur le lecteur de ce livre là. Avec le temps et au fil des divers récits, elle s'est précisée, amplifiée, modifiée, métamorphosée. Signe du travail du romancier, non de la fidélité accrue du biographe. [...]
[...] Amour et jalousie La jalousie est perçue comme une maladie qui engendre la pire des souffrances à celui qui la subit aussi bien physiquement que moralement. Pourtant, elle s'avère utile puisqu'elle donne de la consistance à l'amour et lui permet de survivre. Mais c'est également elle qui éveille les forces de l'esprit par les souffrances qu'elle cause. A ce propos, le mécanisme de l'amour Proustien repose sur la thèse discutable que l'amour est inséparable de la jalousie et finalement s'identifie avec elle. [...]
[...] Il a tendance à situer son partenaire dans le rôle d'une mère qui le soigne et le nourrit. On a suggéré que Proust est a exploité son asthme comme un moyen de consolider et perpétuer cette répartition des rôles d'une mère qui le mettait dans la position d'un malade dépendant, pour toute sa vie, des soins d'une mère tant qu'elle était en vie et d'instance maternelles en son absence. La souffrance du complexe d'Œdipe Le rite du soir montre que la relation symbiotique ne concerne pas que la mère ; qu'il faut compter également avec le père. [...]
[...] Ces anxiétés qui finissaient par quelques mots dits au téléphone, ou sa visite à Paris, ou un baiser, avec quelle force je les éprouve maintenant que je sais que rien ne pourra plus les calmer." De cette confidence, on ne peut pas déduire que les récits de Swann et de Jean Santeuil racontent exactement des épisodes vécus, mais qu'ils correspondent, chacun à sa manière, à la longue suite des appels réitérés du petit Marcel pour le baiser du soir, des refus de sa mère et de ses acceptations différées. Inventés pour tenir leur place dans une fiction et selon la logique des romans où ils figurent, ils se nourrissent de ce que leur auteur ressentait encore au souvenir de ces lointaines épreuves. Rien de plus banal que le besoin enfantin du baiser du soir. [...]
[...] "Viens me dire bonsoir", supplie t il, tandis qu'elle lui répond d'une voix entrecoupée par la colère : "Sauve toi, sauve toi, qu'au moins ton père ne t'ait pas vu ainsi attendant comme un fou." Mais le père, contre toute attente, au lieu de se fâcher et de punir, déclare en haussant les épaules : "Tu vois bien que ce petit a du chagrin, il a l'air désolé, cet enfant ; voyons, nous ne sommes pas des bourreaux Et voilà la mère installée dans la chambre de l'enfant, consolant et partageant son chagrin, lui lisant François le Champi de George Sand. La présence de Charles Swann est indésirable pour le narrateur car il ne peut pas avoir le baiser. Il décide, en effet, de forcer sa mère à le lui donner. [...]
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