Les Regrets est un recueil de poèmes écrit par Joachim Du Bellay, publié en 1558 à son retour de Rome. Il se compose de sonnets, pour certains satiriques, d'autres exprimant la douleur de l'éloignement. La dimension autobiographique du recueil nous pousse à y voir une sorte de carnet de voyage ou encore de journal intime. Or, d'après Henri Weber, l'aspect authentique de l'œuvre de Du Bellay est souvent altéré par l'exploitation de l'héritage antique et pétrarquiste.
[...] Enfin, on peut penser que cette inspiration antique est pleinement assumée par Du Bellay car il choisit de débuter son recueil par une adresse au lecteur écrite en latin : Ad Lectorem Puisque l'on trouve dans Les Regrets un certain héritage antique, il semble cohérent d'y trouver également une dimension pétrarquiste. En effet, Du Bellay fait partie, avec entre autres Ronsard, de la Pléiade, groupe souhaitant enrichir la culture française en redécouvrant la culture antique, et qui se réclame de Petrarque, père de l'humanisme. On trouve de ce fait des éléments humanistes dans Les Regrets. Le recueil est par exemple centré sur son auteur, sur sa recherche de savoir. On peut alors y voir un voyage métaphorique en lui-même, un voyage initiatique, dans le but de s'élever intellectuellement. [...]
[...] En effet, nombre de sonnets résonnent comme une plainte. L'élégie, très présente dans la première partie du recueil, est une catégorie appartenant au lyrisme, tout comme la célébration, qu'il utilise à la fin des Regrets. On peut ensuite remarquer que le recueil est présenté de manière chronologique, comme le serait un carnet de voyage ou un journal intime. L'œuvre débute par la vie à Rome, se poursuit avec le retour d'Italie, et se termine par la reprise de la vie en France. [...]
[...] Il écrivit : Rome, la capitale du monde, la reine de toutes les villes, le siège de l'empire, le rocher de la foi catholique, la source de tout exemple mémorable. Là encore, Du Bellay procède différemment. Il n'hésite pas à faire part de sa déception concernant cette ville et la critique abondamment, ainsi que sa cour, comme par exemple au sonnet 80 Si je monte au palais, je n'y trouve qu'orgueil, Que vice déguisé, qu'une cérémonie Si l'on peut discerner dans Les Regrets de nombreuses inspirations antiques et pétrarquistes, il semble que Du Bellay ne se contente pas de l'imitation. [...]
[...] Nous allons maintenant nous intéresser à la critique d'Henri Weber qui considère que l'inspiration antique et pétrarquiste de Du Bellay dessert la volonté de rendre son œuvre authentique. Pour cela, nous allons tenter de montrer que cet héritage et bel et bien présent dans Les Regrets. La première inspiration que nous pouvons noter apparaît dans le thème même de l'ouvrage. Celui-ci est très proche de celui des Tristes qu'Ovide, poète latin, à écrit lors de son exil à Tomis. La souffrance, l'exaltation de la patrie sont des éléments communs à ces deux œuvres, de même que la fuite dans l'imaginaire avec le thème de la mer qu'on retrouve chez Du Bellay dans de nombreux sonnets comme par exemple le 34 haute mer Des vagues ni des vents, les ondes écumer De mille tourbillons son onde renversée . [...]
[...] Plutôt que de simplement imiter les anciens modèles, Du Bellay en reprend certains procédés et images tout en en modifiant les idées et les contenus. Nous avons dit plus tôt que le poète reprenait le sonnet rendu célèbre par Pétrarque. Or, il l'innove considérablement. D'une part, le thème principal du sonnet était l'amour, l'éloge d'une femme, ou son indifférence à l'égard du poète. Dans Les Regrets, ce thème est mis de côté au profit du thème de l'exil, de l'attachement au pays natal. De même, le sonnet pétrarquiste est composé de décasyllabes, tandis que Du Bellay utilise l'alexandrin. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture