Né en 1799 et mort en 1850, Honoré de Balzac assiste à l'agonie de l'empire, puis à l'avènement de la Restauration et de la Monarchie de juillet, et enfin aux débuts de la IIe République. Issu d'un milieu bourgeois, il a l'opportunité d'étudier le droit, mais dès 1820 il se consacre à la littérature. Dès lors, il produit une œuvre considérable, tant romanesque que théâtrale, journalistique, philosophique ou encore épistolaire.
Entre 1829 et 1848, il échafaude son grand œuvre : la Comédie humaine. Le plan d'ensemble met en évidence la grande cohérence de tous ses écrits, même ceux antérieurs à 1829 comme éclairés d'une « illumination rétrospective » selon les termes de Marcel Proust. Dans la Comédie humaine, Balzac se dit « plus historien que romancier », il a « pour idée fixe de décrire la société dans son entier, telle qu'elle est ».
Peut-on affirmer pour autant que Balzac porte un regard d' « historien », sur la société de son temps : fait-il une étude purement scientifique de ses contemporains ou son regard est-il imprégné de ses idéaux ?
[...] Il décrit, dans son œuvre, une société stable (alors que celle de la Révolution était en perpétuelle évolution), à la fois fixe (du fait la hiérarchie des classes) et mobile (grâce à la circulation de l'argent). Autre caractéristique majeure de la société décrite par Balzac, elle assume son passé. La Comédie humaine fait ainsi de nombreuses références à des personnages historiques tels que Napoléon. Il dépeint le destin, parfois tragique, des survivants de l'Empire, qui se fondent dans la nouvelle société de la Restauration (ainsi, le colonel de Montriveau devient général sous la Restauration ; Victor d'Aiglemont refait fortune, avant de mourir en 1833). [...]
[...] Balzac classe aussi ses personnages en types. En effet, il a beaucoup d'intérêt pour les naturalistes, tels que Buffon (107-1788) ou Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), pour qui l'influence du milieu explique les différences entre les espèces zoologiques. Balzac prétend élargir cette loi aux espèces sociales, qu'il entreprend de classer et de décrire. Dans son avant propos à La Comédie humaine, il écrit : La société ne fait-elle pas de l'homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d'hommes différents qu'il y a de variétés en zoologie ? [...]
[...] Balzac fonde son édifice social sur la religion et la monarchie, éléments structurants par excellence. Il dit ainsi le christianisme, et surtout le catholicisme, étant un système complet de répression des tendances dépravées de l'homme, est le plus grand élément de l'ordre social. Face aux valeurs monarchiques et catholiques qu'il défend, Balzac dénonce la bureaucratie (Les Employés en 1837, Physiologie de l'employé en 1841). Il souligne le rôle nouveau de l'administration et des bureaux dans la société. La société qu'il dépeint a en effet besoin d'éléments structurants, car elle est en proie à la soif de l'argent. [...]
[...] L'argent cependant reste bien souvent mal acquis (La Maison Nucingen, 1837). Grâce aux différents événements historiques qui ont bouleversés les marchés à plusieurs reprises, les spéculateurs rusés (et chanceux) parviennent ainsi à faire fortune en profitant de la banqueroute d'autres. Balzac souligne (dans Les Illusions perdues notamment) les dangers de la presse. Soumise au pouvoir corrupteur de l'argent, celle-ci se serait transformée commerce. Un des personnages journalistes crée par Balzac, Vernou, dit d'ailleurs Nous sommes des marchands de phrases, et nous vivons de notre commerce. [...]
[...] Il y a une ambivalence entre fiction et réalité, qui se mélangent. Balzac a également une vision particulièrement subjective de certaines situations, objets ou personnages qu'il décrit. Ainsi, il dépeint la presse comme un milieu corrompu par l'argent, faisant de l'art un commerce, ce qu'il dénonce en particulier dans Les illusions perdues. Nous pouvons nous demander si cette dénonciation virulente n'est pas en partie due aux rancunes personnelles de Balzac contre les journalistes, qui ont beaucoup critiqué ses articles, notamment Médecin de campagne qui avait été définit comme une sorte de manuel du propriétaire campagnard ce qui l'avait profondément dérangé. [...]
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