'Oui, Renée sera une Phèdre moderne !' s'exclame Zola en préparant La Curée. Il fait ainsi référence à Phèdre de Racine, de laquelle il s'est inspiré. Or il est notoire que Racine s'est lui-même inspiré d'auteurs antiques, en l'occurrence Euripide (Hippolyte) et Sénèque (Phèdre).
Les réécritures sont innombrables. Les grands mythes sont d'éternelles sources d'inspirations, qu'ils soient repris sous forme de pastiche, de parodie, qu'ils soient imités ou qu'un auteur y fasse simplement référence. Mais si les auteurs reprennent tant de mythes, c'est que le lecteur y trouve son compte. S'il s'attelle à la lecture d'Amphitryon de Giraudoux, il sait que c'est une œuvre inspirée de l'Antiquité, il connaît peut-être cette œuvre. Va-t-il prendre plus de plaisir à retrouver dans cette réécriture les caractéristiques connues de l'œuvre originale ou à la surprise née des nouveautés qu'il ne manquera pas de découvrir ? Quel plaisir peut-on éprouver à redécouvrir dans une réécriture ce que l'on connaît déjà de l'œuvre originale ? Pourquoi une réécriture est-elle forcément originale ?
[...] Le lecteur peut également être étonné par l'originalité de certaines fables. Comme le dit La Fontaine, l'auteur qui réécrit n'est pas forcément victime d'un esclavage : il s'inspire, il imite, il ne recopie pas. La Fontaine, dans ses Fables s'inspire d'Ésope, mais au lieu de quelques lignes en prose, il écrit une longue fable en vers, avec une morale plus subtile et un travail sur le vocabulaire et le rythme au profit de cette même morale. Ainsi, le lecteur est surpris de voir jusqu'à quel point un auteur peut amplifier et même améliorer une œuvre originale ! [...]
[...] Mais d'ordinaire, elle enchante. On peut penser que c'est à cause du rôle que joue le lecteur : il doit prendre possession. Les interprétations peuvent être différentes d'une œuvre originale à la réécriture. Dans Le Chien et le loup des Fables de la Fontaine, l'auteur vante les joies de l'indépendance, même si elle s'accompagne de misère. Ce n'est pas la même morale que présente Ésope pour lui même le ventre vide, on est pas heureux Et le lecteur, qu'en pense-t-il ? [...]
[...] De plus, si le lecteur lit des réécritures c'est qu'il attend de retrouver des personnages emblématiques. Il peut plus ou moins s'identifier à eux et surtout, à travers leurs personnalités, ces personnages entraînent le lecteur à se questionner sur la Condition humaine. Ainsi, le personnage de Robinson Crusoé va l'inciter à réfléchir sur l'Homme et la Civilisation : l'homme est-il dénaturé ou formé par la civilisation ? En lisant Électre de Sophocle, le lecteur va admirer l'idéal de pureté, de vérité et de justice d'Electre. [...]
[...] Les réécritures sont innombrables. Les grands mythes sont d'éternelles sources d'inspirations, qu'ils soient repris sous forme de pastiche, de parodie, qu'ils soient imités ou qu'un auteur y fasse simplement référence. Mais si les auteurs reprennent tant de mythes, c'est que le lecteur y trouve son compte. S'il s'attelle à la lecture d'Amphitryon de Giraudoux, il sait que c'est une œuvre inspirée de l'Antiquité, il connaît peut-être cette œuvre. Va-t-il prendre plus de plaisir à retrouver dans cette réécriture les caractéristiques connues de l'œuvre originale ou à la surprise née des nouveautés qu'il ne manquera pas de découvrir ? [...]
[...] Il ne risquera pas d'être trompé : il choisit une œuvre avec un bon a priori, ce qui lui assure un certain confort de lecture. En effet, les réécritures peuvent être parodies, mais elles sont le plus souvent hommages. Au XVIIe siècle, les réécritures sont très nombreuses, car l'une des règles d'or du classicisme était de tenter de s'approcher du beau en imitant les Anciens (les auteurs de l'Antiquité). De ce principe sont nées certaines des réécritures les plus célèbres, comme Andromaque ou Phèdre de Racine. Le lecteur peut prendre également plaisir à voir des termes universels remaniés. [...]
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