Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, publiées en 1782, s'inscrivent dans la lignée des grands romans épistolaires du XVIIIème siècle. Le roman par lettres représente au XVIIIème un genre privilégié : consacré par Montesquieu dans Les Lettres persanes, il est adopté par Goethe dans Les Souffrances du jeune Werther et par Rousseau dans La Nouvelle Héloïse, à laquelle l'épigraphe des Liaisons est empruntée. Si la forme épistolaire choisie par Laclos comporte des facilités techniques de narration et d'exposition, la difficulté majeure sur les plans de la forme et du contenu concerne l'organisation des rapports entre intrigue et psychologie. On s'intéressera ici à la relation entretenue par cette œuvre complexe avec une de ses adaptations qui a la particularité de ne pas appartenir à la même catégorie générique : Les Liaisons dangereuses, de Christopher Hampton d'après Ch. De Laclos, dans une adaptation de Jean-Claude Brisville, créée le 12 janvier 1988, au Théâtre EdouardVII, et publiée la même année. C'est justement le passage du roman épistolaire à une pièce de théâtre qui va influer les décisions esthétiques d'Hampton. Dès lors que vont apporter les ressources et moyens théâtraux mis en œuvre au roman de Laclos?
[...] Dans le bal des Liaisons dangereuses, chacun trouve son masque, un masque pour le regard des autres. Dans la lettre CV, la Marquise écrit à Cécile : quand vous écrivez à quelqu'un, c'est pour lui et non pas pour vous : vous devez donc moins chercher à lui dire ce que vous pensez que ce qui lui plaît davantage. La règle du jeu social n'est pas d'être soi-même, mais d'être ce que les autres attendent. De là vient la fréquence de l'image du grand Théâtre que Merteuil et Valmont utilisent pour parler du monde, respectivement : Alors je commençais déployer sur le grand Théâtre les talents que je m'étais donnés. [...]
[...] Réécriture des Liaisons dangereuses dans la société contemporaine (Les Liaisons dangereuses, Christopher Hampton d'après Choderlos de Laclos, dans l'adaptation française de Jean-Claude Brisville Actes Sud papiers) Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, publiées en 1782, s'inscrivent dans la lignée des grands romans épistolaires du XVIIIe siècle. Le roman par lettres représente au XVIIIe un genre privilégié : consacré par Montesquieu dans Les Lettres persanes, il est adopté par Goethe dans Les Souffrances du jeune Werther et par Rousseau dans La Nouvelle Héloïse, à laquelle l'épigraphe des Liaisons est empruntée. [...]
[...] Les jeux d'éclairage sont donc des indices de la temporalité, que le spectateur doit saisir, et le lecteur relever. Mais cet exemple est particulier, en ce sens où il s'agit de l'unique transition temporelle opérée au sein même d'une partie, et ce, de surcroît par le biais d'un personnage. On permet ainsi la sortie et l'entrée de deux personnages, correspondants à deux moments de la pièce distincts. Le temps semble accéléré par cette mise en scène qui transporte l'intrigue en quelques minutes, de quelques heures fictives; c'est le seul moment où cette accélération est véritablement perceptible, les marques spatio-temporelles ne variant autrement que lors du passage d'une partie à l'autre - et pouvant aller jusqu'à une semaine - , nous sommes loin de la règle des trois unités régissant le théâtre classique, peu applicable à l'œuvre épistolaire de Laclos; Brisville est un auteur contemporain, qui écrit comme tel, d'où la particularité du découpage. [...]
[...] À un tel point qu'il arrive que les répliques de certains personnages soient vraiment proches du texte original; ainsi cet exemple, dans le texte de Brisville, p 12: MERTEUIL. Il eût fallu la connaître plus tôt. Peut-être en eussiez-vous pu faire quelque chose. Mais cela a vingt-deux ans, et il y en a près de deux qu'elle est mariée. Croyez-moi, mon ami, quand une femme s'est encroûtée à ce point, on doit l'abandonner à son destin. Ce ne sera jamais qu'une espèce. [...]
[...] On l'a vu avec les lettres d'amour de Valmont à Tourvel (lettre LXVIII) confrontée au commentaire qu'il en fait pour Merteuil (lettre LXX). Ou encore les poses étudiées de celle-ci pour Prévan (lettre LXXXV) : ( ) m'offrit-il la main. J'eus la malice en l'acceptant, de mettre dans la mienne un léger frémissement, et d'avoir, pendant ma marche, les yeux baissés et la respiration haute. J'avais l'air de pressentir ma défaite et de redouter mon vainqueur. Il le remarqua à merveille ; aussi le traître changea-t-il sur-le-champ de ton et de maintien. [...]
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